Le marché formel risque d'être absorbé par l'informel devenu tentaculaire. Le marché informel en Algérie continue de préoccuper pour ce qu'il génère de dégâts sur l'économie nationale. Certains trouvent qu'il tire sa quintessence du marché formel qui l'alimente et participe paradoxalement à la création de postes d'emplois. D'autres trouvent que ce phénomène a son pendant politique et que les pouvoirs publics n'ont pas la volonté de le combattre pour des raisons liées à la paix sociale. Certaines voix refusent même d'emprunter à la lexicologie qui parle de guerre et de lutte contre l'informel. Le marché formel risque d'être donc absorbé par l'informel, qui reste d'ailleurs son pendant naturel, tellement il est devenu tentaculaire. Il y a risque également sur la mise à niveau de la production nationale et sur le recouvrement des impôts car l'informel y échappe aujourd'hui. Tiaret, qui compte quelque 30.672 commerçants dûment affiliés au registre du commerce dont 14.722 détaillants, 8316 dans les services, 5558 dans l'industrie, 1544 grossistes et 120 importateurs, n'est pas épargné. Bien plus, l'informel semble gagner du terrain et il devient difficile de le circonscrire. Les chiffres, évoqués en marge de la journée d'information organisée par la Chambre de commerce et d'industrie «CCI-Sersou», sont loin de corroborer la réalité du terrain à voir pousser comme des champignons, ici et là, des marchés dits informels. Evasion fiscale À vrai dire, dira d'emblée M. Ahmed Djebara, expert «Il y a aujourd'hui des difficultés dans le contrôle et les dangers encourus par les consommateurs».Une situation induite, selon le conférencier, par «le chômage et subséquemment la dissolution de 70% du potentiel industriel de la région». Avec des prix incitatifs, les produits proposés sont souvent contrefaits. Il y a en plus de la fraude et l'évasion fiscale, l'absence de registre de commerce, les facturations pour la traçabilité de ces produits. La DCP (Direction du commerce et des prix), qui a soutenu l'initiative, évoque «Une batterie de textes dont celui destiné à réhabiliter l'informel en l'inscrivant dans l'ordre légal des choses». Il y a, dira M.Belahcène «simplification des procédures». Au-delà de ces aspects, l'orateur évoque «l'impossibilité de couvrir, avec 40 inspecteurs, une région qui s'étale sur 20.000 km2» et informe que «40% des intoxications proviennent du circuit de l'informel». Il y a ceux, à l'exemple du président de l'association des consommateurs, qui croient que «le phénomène est induit par l'exode rural» et «inapplication du décret interministériel portant création d'une commission nationale mort-née». L'UGCAA, partenaire incontournable dans la problématique a fait, par le biais de son président, des suggestions. Le directeur du commerce M.Moussa Lounis, avant la clôture de cette journée riche et instructive du reste, a tenu à préciser que «son administration s'emploie à réglementer certaines activités implantées en milieu urbain et être à l'écoute des préoccupations des commerçants». Dépité, d'ailleurs, par la fermeture de commerces, ce responsable dit «ne pas comprendre pourquoi les détaillants imposés au forfait en sont venus à baisser rideau alors que l'enquête avait concerné des produits bien définis : les cosmétiques et la pièce de rechange». Un autre thème associé à l'informel a fait dire au directeur d'un bureau d'études local, l'URBATIA, que «l'urbanisme commercial doit être appréhendé et prédéfini puisqu'il est inscrit en tant qu'élément d'une stratégie globale dans la cité».