Photo : Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Le secteur informel a pris de l'ampleur au point de concurrencer, à son avantage, le secteur formel. Cette économie, qui procure des gains faciles, très lucrative sur place, attire de plus en plus de citoyens, en raison, précisent des spécialistes, de la faiblesse de leur pouvoir d'achat. C'est un facteur qui renforce «le couple vendeur/acheteur». L'économie à Tlemcen reste toujours cette économie non formalisée, non structurée, non organisée. On peut dire que c'est une économie sauvage, sur le tas, nullement encadrée, une économie sans visage, souterraine. Cette économie de l'ombre règne aujourd'hui partout, poussant comme des réponses provisoires à des situations de tragédies personnelles. Ce phénomène est né, expliquent certains, suite aux difficultés quotidiennes auxquelles font face les citoyens. Ainsi, le dynamisme de la population pour pallier ces difficultés s'exprime dans le développement des initiatives économiques informelles. Ces marchés illégaux émergent partout dans la région, notamment dans les grandes villes comme Maghnia, Remchi, Sebdou, Ouled Mimoun, Sabra, etc. Un seul but : «survivre», ou améliorer les demandes des besoins de la famille, surtout si l'on sait que plusieurs n'ont pas réussi à accéder au monde de l'emploi.L'informel est devenu, aujourd'hui, un phénomène incontournable qu'il faut maîtriser pour assurer à cette contrée des grandes chances de succès dans ses efforts de développement. L'heure est venue d'éradiquer cette activité, même si cette économie reste un secteur qui absorbe le chômage et pallie le manque d'emploi au niveau du secteur formel.Ce marché informel est devenu avec le temps un secteur fort créatif, avec des vendeurs ambulants, friperies, souk dans les grandes places. A Tlemcen, tout le monde constate cette croissance rapide du commerce informel, à cause du chômage et de la précarisation de l'emploi. Tlemcen est confrontée au phénomène de l'économie informelle qui bat son plein en plusieurs endroits de la cité, surtout au niveau des quartiers. La baisse sans cesse croissante du pouvoir d'achat des salariés incite les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel pour joindre «les deux bouts» et «arrondir leurs fins de mois». Tout se vend. Mais, les conséquences sont importantes sur la société. L'évasion fiscale et le travail au noir pénalisent grandement les commerçants qui respectent les lois et s'acquittent de leur fardeau fiscal additionnel. Cette relation, au-delà de sa fonction économique, favorise une convivialité absente dans le secteur formel où les prix ne donnent pas lieu à des négociations. C'est le constat fait devant la vulnérabilité et les conditions précaires qui contribuent à créer une culture de la «débrouillardise», dont le secteur informel, devenu par le temps un véritable support. Dire par là comme l'avaient souligné des économistes que c'est une manière d'arrondir les fins de mois ou d'éviter le fisc pour les uns, une solution de survie pour les autres, le débat concernant l'économie informelle ne risque pas de manquer d'animation. Ce terme d'économie informelle, inventé en 1972 par les institutions, en particulier la Banque mondiale et le BIT (Bureau international du travail), désigne les activités d'utilité économique et sociale qui se développent en dehors des structures institutionnelles classiques que sont les entreprises ou les administrations par exemple, et à l'écart des règles de l'échange monétaire. Ainsi, toute activité de production, licite ou illicite, qui n'entre pas dans les tableaux statistiques de la comptabilité nationale, en l'occurrence le PIB (produit intérieur brut), fait partie de l'économie informelle.De plus, qu'elle soit permise par la loi ou défendue par cette dernière ou par la morale, l'économie souterraine a touché et touche encore toutes les sociétés, aussi bien à travers le temps que dans l'espace. Ainsi, du troc de nos ancêtres au commerce de rue actuel, il n'y a qu'un pas. Toutefois, l'économie informelle regroupe toutes sortes d'activités telles que le trafic de drogue, le proxénétisme ou l'emploi non déclaré dans de grandes firmes internationales. En effet, du pourboire à la corruption, du baby-sitting au travail au noir ou de la petite escroquerie financière au grand banditisme, qu'elle soit licite ou non, l'économie parallèle est partout présente, à un degré ou à un autre, y compris dans les plus grandes firmes et au cœur même de l'Etat.A Tlemcen, la définition même de l'économie informelle et du travail au noir a suscité beaucoup de débats. Du côté des économistes, la question des limites entre production domestique et offre de travail reste un enjeu théorique fort. Du côté des anthropologues, c'est la définition sociale du travail qui pose question, dans des contextes où les cadres formels du travail salarié, du travail indépendant et du travail familial ne sont pas fixés par la loi ou varient selon les contextes nationaux. Plutôt que de laisser le soin aux statisticiens de définir le phénomène à partir de cadres théoriques et légaux diversifiés, les spécialistes interrogés à ce sujet estiment favoriser davantage la réflexion sur la construction même de ces catégories, avec d'autres rencontres à l'échelle de la wilaya frontalière de Tlemcen, tout en mettant l'accent sur l'analyse des frontières du travail au noir (définition, questions juridiques…), la description et l'évaluation statistique du travail au noir, les analyses économique et économétrique des déterminants de la demande de travail au noir (en prenant en compte aussi celle de la part des employeurs particuliers), et, surtout, l'incidence des nouvelles technologies sur l'offre de travail au noir.