Alors, avec la nouvelle année qui commence, la télé algérienne va-t-elle changer de ton ou de tonalité, disons de stratégie de communication – en supposant qu'elle en avait une ? Va-t-elle avoir davantage de liberté pour traiter plus objectivement les sujets sensibles de la vie quotidienne des algériens, va-t-elle se montrer plus créative, voire plus imaginative dans ses programmes de divertissement ? Va-t-elle être plus offensive sur le plan professionnel et moins démagogique sur le plan politique ? Si on demandait aux téléspectateurs algériens de formuler des vœux pour leur petit écran en cette année 2011, ces questions, parmi d'autres, leur viendraient sûrement à l'esprit. Rarement satisfait du produit télévisuel local, le public algérien ne souhaite, en fait, pas une autre télé dont le contenu ne correspondrait pas aux valeurs culturelles et sociales de la société dans laquelle il vit, mais simplement une révision radicale du système de pensée d'abord, de production et d'administration ensuite qui, à force de fonctionner sur des normes éculées, rend la télé actuelle complètement obsolète, inopérante et fatalement improductive. Les Algériens, qui ne nourrissent ni complexe particulier ni rejet systématique de leur petit écran, sont majoritairement conscients que dans un pays où le contrôle de l'audiovisuel est déterminant, les possibilités d'évolution et d'expression sont pratiquement nulles, pour prétendre à une télévision nationale capable de se forger une autonomie d'action toute relative, indispensable néanmoins pour acquérir un statut médiatique respectable. Ils sont, en revanche, aussi nombreux à penser que même à l'intérieur d'un régime politique rigide et intransigeant qui manie toutefois assez habilement la carte de l'ouverture démocratique quand ça l'arrange, les espaces pour assurer une mission de service public digne de ce nom ne constituent pas une vue de l'esprit et ne demandent qu'à être conquis, non pas en attendant que les instructions viennent d'en haut, mais bien avec une réelle détermination de s'affranchir des idées reçues et bousculer les tabous surfaits, instrumentalisés comme des garde-fous sacrés. Il suffit d'en avoir la conviction pour sortir du carcan de la pensée unique et entrer dans l'ère de la réflexion multiple, de la découverte,du contact vrai avec la société qui a plus que jamais besoin d'une entreprise télévisuelle dynamique et performante pour se développer. Certes, rares sont les chaînes de télévision dans le monde qui peuvent se prévaloir d'une neutralité totale vis-à-vis du système politique de leur pays respectif. Les spécialistes disent toujours que la liberté des médias, de manière générale, est relative. Mais les exemples de télés qui s'assument dans leur propre vision éditoriale sont également légion. Celui du groupe France Télévisions, s'il ne constitue pas une référence en la matière, nous enseigne tout de même que le service public peut être assuré convenablement par le petit écran s'il repose sur l'objectivité et le professionnalisme si chers à notre ministre de la Communication. Deux notions qui manquent cruellement au travail de notre télévision et qui font que si on ne les maîtrise pas, aucun progrès ne sera permis.