Bordj Bou Arréridj et Ras El Oued ont vécu deux journées infernales, soit jeudi et vendredi. La ville de Ras El Oued, située à 30 km du chef-lieu de wilaya, a renoué avec les émeutes dans la nuit de jeudi à vendredi. A l'origine de ces manifestations, la hausse des prix et le chômage qui «frappent» la région. Les échauffourées ont commencé dans l'après-midi du jeudi, quand plusieurs jeunes ont initié une manifestation devant le siège de l'APC. Ainsi, profitant de l'obscurité, l'on a décidé de disposer plusieurs barrages à divers endroits. Les débordements étaient tels qu'il devenait très difficile pour les forces de l'ordre de les contenir. Dès le début de la soirée, des affrontements explosaient. Les émeutes se sont rapidement propagées dans les ruelles du centre-ville. Des foules se sont rassemblées, apparemment spontanément, en de nombreuses parties du quartier. Elles ont dévasté et pillé plusieurs édifices publics et répandu leurs contenus dans la rue, avant d'y mettre le feu. Il s'agit principalement du siège de Sonelgaz, de quatre lycées, deux CEM, l'Actel, Mobilis, du siège de la daïra, de l'agence d'emploi, la bibliothèque de la poste, le parc de l'APC où plusieurs voitures ont été incendiées. Cela s'est déroulé pendant plusieurs heures. Les ménages qui habitent au-dessus de l'agence Mobilis, dans le quartier des Jardins, ont dû quitter leurs domiciles, car s'ils ne l'avaient pas fait, il y aurait eu des victimes. Vendredi, à l'aube, les forces anti-émeute ont bouclé l'APC avec un cordon de policiers armés de matraques et stationné d'autres casqués et munis de boucliers, faisant face à la placette, au cœur du vieux quartier. Mais ils n'ont pas pénétré dans les ruelles où les émeutes ont continué une deuxième journée consécutive. Les affrontements ont été plus violents dans la mi-journée d'hier. Plusieurs personnes ont été interpellées, selon des manifestants. «Trop, c'est trop ! Les prix augmentent de jour en jour», a expliqué Ahmed, un jeune licencié au chômage depuis plus de trois ans. «Et comme nous n'avons pas un cadre d'expression pour pouvoir communiquer avec les autorités, nous avons choisi la rue pour montrer notre mécontentement», ajoute-t-il. Au chef-lieu de la wilaya, très vite, l'ambiance est devenue électrique aux quatre coins de la ville. Les jeunes ont caillassé l'agence Djezzy, la CNEP, la banque Société générale et l'inspection des impôts dans le quartier les 500 Logements. Puis ils ont dévasté et incendié complètement l'inspection des impôts. A Mansourah, à 30 km à l'ouest de Bordj Bou Arréridj, des jeunes ont bloqué la RN5 durant la nuit du jeudi à vendredi pour un bon moment et vandalisé les lampadaires de plusieurs rues de la ville. Vers 14h, juste après la prière, les manifestants, en majorité des jeunes, et même très jeunes, ont réinvesti la rue. Plusieurs quartiers où se trouvent les sièges de plusieurs édifices publics, l'APC, le CPA, l'ANEM, le CNEPD, la direction de l'emploi, Mobils, Actel, la CNEP au centre-ville, la CNAS et d'autres bureaux appartenant à la direction de la jeunesse et des sports, ont été complètement pillés ou brûlés. D'autres jeunes ont jeté des pierres contre la façade du siège de la wilaya. Les policiers en faction ripostent avec des gaz lacrymogènes. En même temps, des manifestants ont détruit des panneaux de signalisation routière et les lampadaires à coups de barres de fer. Les services des urgences de l'hôpital Bouzidi Lakhdar ont enregistré plusieurs blessés dans les deux camps. Face à ce climat, les commerçants ont baissé rideau, de peur de voir leurs boutiques vandalisées.