La ville de Ras El Oued (37 km au sud-est de Bordj Bou Arréridj) a renoué ce week-end avec la violence. A l'origine des émeutes de jeudi soir, un match de football qui s'est déroulé à Bordj Ghedir, le jour même, entre l'équipe locale et le ROC Ras El Oued pour le compte de la Ligue de Batna. Un match décisif qui ouvrira à 90% les portes à l'accession pour l'équipe victorieuse. Des milliers de supporters de Ras El Oued ont effectué le déplacement à Bordj Ghedir pour suivre la rencontre qui devait débuter à 13h. Malheureusement, ces derniers, selon des témoins oculaires, avaient subi un mauvais traitement de la part de certains éléments du service d'ordre et de quelques jeunes chauvins. « Un policier nous a demandé la pièce d'identité. Comme il a su que nous étions venus appuyer notre équipe, il s'est mis à nous insulter, non sans user de violence », diront des supporters. Des centaines de jeunes qui craignaient pour leur vie ont été contraints de rebrousser chemin sous la menace et ont fait des dizaines de kilomètres à pied pour rentrer chez eux. On déplore au moins dix blessés. De retour à Ras El Oued, plus de 500 jeunes et moins jeunes ont assiégé le siège de la sûreté de daïra et demandé à rencontrer le wali et le chef de sûreté de wilaya. « Nous ne sommes pas venus pour casser, mais pour dire au premier responsable de la wilaya que nous ne méritions pas le traitement inhumain qui nous a été réservé par la police de Bordj Ghedir censée être garante de la sécurité des citoyens », diront certains. Le climat était tel que les policiers avaient du mal à maîtriser la situation face à une vague déferlante de jeunes dépités et chauffés à blanc. Peu de temps après le crépuscule, ils se sont attaqués au siège de la daïra par des jets de pierres et ont saccagé les espaces publicitaires réservés à la campagne électorale. Quelques panneaux de signalisation ont été également détruits. Les services de sécurité qui n'ont pas répondu à la provocation ont réussi avec l'aide de gens sages et de la daïra à ramener, l'espace d'une nuit, la foule à la raison, bien qu'ils aient utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. Néanmoins, on dénombre au moins dix blessés parmi le service d'ordre, qui ont reçu les premiers soins au service des urgences de l'hôpital de la ville. Vers 22h, les premiers renforts arrivent, deux brigades d'escadrons ont été dépêchées et ont arrêté plus d'une dizaine de personnes. Vers minuit, un convoi de gendarmerie (GIR) est appelé à la rescousse, mais ce dernier est resté à la brigade sans intervenir. Hier, ce n'était que partie remise, puisque les émeutes ont repris avec un degré accentué de violence. Dès 10h, les émeutiers ont envahi les ruelles en bloquant quelques accès par des barricades de fortune et en allumant des pneus à proximité du commissariat. Vers 13h, le GIR est intervenu pour libérer la voie et disperser les manifestants. Au dernières nouvelles, au moment où les fidèles accomplissaient la prière du vendredi, une autre foule s'est attaquée au siège de Sonelgaz, qui sera complètement saccagé : mobilier, micro-ordinateurs et souches de factures jonchaient le sol. A16h, la situation était loin d'être maîtrisée et les choses allaient de mal en pis. Les administrations publiques étaient surveillées par des brigades antiémeute. Des vagues de manifestants sillonnent encore des quartiers de la ville. Une source crédible nous a confirmé que les services des impôts ont été saccagés et que des renforts supplémentaires ont été sollicités. A l'heure où nous mettions sous presse, la confrontation se poursuivait toujours et un dispositif sanitaire important venait d'être mis en place.