Des centaines de jeunes en mal de vivre se sont exprimés, hier encore, dans la rue. Mais personne n'était là pour leur prêter une oreille attentive et apaiser la tension qui semble avoir atteint un point de non-retour. Les autorités ont brillé encore par leur absence. Une absence prolongée qui s'est soldée par des dégâts considérables à travers différentes communes de la wilaya. Qui va absorber la colère de ces milliers de jeunes déchaînés à cause des problèmes multiformes qui ont fini par pousser certains d'entre eux à commettre l'irréparable pour se faire entendre ? Hier, plusieurs localités de la wilaya Boumerdès ont été le théâtre de violentes émeutes opposant manifestants aux forces de l'ordre. Les affrontements ont été d'une rare violence. Les manifestants étaient très en colère. Les centres urbains des Issers, Bordj Menaïel et Naciria offrent un décor de guerre. Tous les commerçants ont baissé rideau. Les heurts d'hier se sont soldés par des dizaines de blessés. A Naciria, pas moins d'une vingtaine de policiers ont été transférés vers l'hôpital de Bordj Menaïel où ils ont reçu des soins. Les manifestants s'en sont pris au bureau du FFS du chef-lieu, arrachant sa toiture. Les heurts ont débuté vers 11h. Les jeunes de cette paisible localité se plaignent du chômage asphyxiant et réclament le lancement de la zone d'activité, en jachère depuis des années. Ils avaient manifesté leur colère et fermé la RN12 à maintes reprises, mais aucun responsable n'a daigné répondre à leurs doléances. A Bordj Menaïel, les jeunes n'étaient pas aussi calmes. Hier, ils ont incendié plusieurs camions et des engins de l'APC stationnés au niveau du parking communal. Les manifestants ont saccagé le centre payeur de Sonelgaz et le siège de la trésorerie communale. Ils ont tenté de mettre le feu au tribunal, qui serait, selon eux, la cause de la fermeture du principal axe routier (RN12) de la ville. Dépêchées en renforts, les forces de l'ordre se sont postées aux alentours de tous les édifices publics susceptibles d'être «attaqués» par les émeutiers. Même le service des urgences a été assiégé par la police. Les manifestants ayant reçu des blessures se sont retrouvés contraints de se soigner avec les moyens du bord, pour éviter tout risque de se faire faire rattraper par «l'ennemi». Le même décor est planté aux Issers où l'on fait état d'importants dégâts matériels qui auraient été causés dans la nuit d'avant-hier suite aux actes de vandalisme ayant ciblé un magasin de stockage de produits alimentaires appartenant au groupe Cevital. Les troubles ont gagné de nombreux quartiers de la ville. Les manifestants ont pris d'assaut la cité des 144 Logements, en attente de livraison depuis plusieurs mois. D'autres groupes de jeunes se sont rendus à Si Mustapha et ont tenté de squatter les 100 Logements avant d'être repoussés par les gendarmes.