Les services de sécurité se sont déployés hier autour des points sensibles de la ville pour faire face à tout débordement, alors que l'implication des sages de la région a pu apaiser les tensions. Les habitants de Boussaâda sont en colère. Ils n'ont pas accepté que leur chère équipe, Amel Boussaâda, soit reléguée à la division interligues. Ils sont sortis dans la rue pour exprimer leur désaccord au lendemain du verdict de la Ligue nationale de football. C'est ainsi que cette paisible localité a soudainement basculé dans la violence. À notre arrivée hier sur les lieux, vers 12h30, d'épais nuages de fumée se dégageaient encore des quartiers du centre-ville. Le décor de la contestation est planté dans les cités. Pneus brûlés et barricades. Du centre-ville, le chemin de ceinture, en passant par la route de Djelfa, la cité 20-Août, la RN46, la RN8 jusqu'à la cité des 300-Logements, l'impression qui se dégage est la même. Le souk quotidien, les magasins et les édifices publics étaient fermés. En ce deuxième jour d'émeutes, l'activité commerciale connue n'est pas au rendez-vous. La ville est déserte. “Le climat était tel que les policiers avaient du mal à maîtriser la situation face à une vague déferlante de jeunes dépités et bien chauffés. Peu de temps après le crépuscule, ils se sont attaqués au siège de l'équipe locale l'ABS”, a déclaré un citoyen rencontré devant le cercle de l'équipe locale. Rappelons que tout a commencé avant-hier en début d'après-midi juste après l'annonce de la décision de la LNF de la relégation de l'équipe locale, des centaines de jeunes ont occupé la rue pour protester contre cette décision qu'ils qualifient d'injuste. Après quoi, des supporters ont commencé à déferler dans les artères de Boussaâda pour saccager tout sur leur passage. L'intervention rapide des brigades antiémeute, qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants, a pu aboutir au contrôle de la situation. 22 personnes ont été arrêtées, selon des sources crédibles. Il faut dire aussi que l'implication des sages de la ville a également contribué à apaiser les tensions. Cependant, la situation n'est pas définitivement maîtrisée. En effet, une marche silencieuse pacifique a été organisée au centre-ville pour demander la présence du ministre de la Jeunesse et des Sports. “Nous ne sommes pas venus pour casser, mais pour dire aux responsables du sport que nous ne méritions pas ce traitement qui nous a été réservé par la LNF, censée être garante de l'application de la loi”, diront des supporters rencontrés hier. Il semblerait également qu'une réunion à la daïra aurait été organisée avec les dirigeants du club et les autorités locales pour discuter de la situation et essayer de ramener le calme dans la ville. Selon M. Benaïssa Ali, président d'honneur de l'équipe de Boussaâda, un recours a été envoyé hier à la FAF. “Nous avons présenté plusieurs arguments dans notre rapport. Comment la LNF a-t-elle appliqué les articles 171 et 245 qui sanctionnent l'équipe qui fait jouer un joueur suspendu en lui ôtant 6 points au total et a omis d'appliquer les articles 128, 160 et 161 qui décrivent clairement les démarches à suivre pour le cas comme le nôtre ?” s'est interrogé notre interlocuteur. “On ne peut appliquer les articles 171 et 245 car l'article 128 stipule qu'après 3 jours du match, le résultat est automatiquement homologué s'il n'y a pas de recours. En plus, selon l'article 160 et 161 le recours doit être déposé par l'équipe adverse et non pas un tiers”, ajoute-t-il. En attendant l'étude du recours de l'équipe locale, les jeunes attendent des actions concrètes. Il faut dire que cette initiative n'a pas abouti au règlement du problème. Les choses ont vite dégénéré pour laisser place à la confrontation avec le service d'ordre. À chaque fois qu'ils arrivaient à disperser un groupe, un autre surgit d'un autre quartier. À l'heure où nous mettons sous presse, les forces de l'ordre se sont déployées autour des points sensibles de la ville en vue de faire face à tout débordement. Chabane BOUARISSA