Dans le communiqué de l'Exécutif qui, de prime abord, ne promet pas monts et merveilles à une société, dont les désidératas semblent beaucoup plus importants que le remède prescrit, des interrogations demeurent entières sur cette réponse si légère au message des jeunes courroucés. La réponse du gouvernement n'était que d'ordre alimentaire. Un Etat riche qui donne aumône à une population pauvre. Telle était la réponse des ministres qui se sont réunis en catastrophe en vue d'étudier les réclamations des jeunes. Autrement dit, le gouvernement espère éviter l'exposition de la cocotte-minute en réduisant le coût des aliments qui bouillonnent en elle. Est-ce un bon calcul ? En tout cas, toutes les organisations patronales fédérant les chefs d'entreprise algériens ont salué les décisions comprises dans le communiqué sanctionnant la réunion interministérielle, tenue dans la journée de samedi, consacrée à l'envolée des prix de l'huile et du sucre. Le gouvernement a décidé d'une exonération de 41% des charges imposées aux importateurs et producteurs d'huile et de sucre. Même si elle est «temporaire et exceptionnelle», cette exonération tend à contrer l'envolée des prix de ces deux produits sur le marché national. Les dispositions en question sont applicables rétroactivement depuis le 1er janvier jusqu'au 31 août 2011. Il s'agit d'une période transitoire, disent les patrons. Plutôt une période de réflexion, dont la finalité première étant d'aboutir à un mécanisme de stabilisation des prix. «Il s'agit de mesures d'apaisement et d'une période transitoire», a estimé le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand-Saïd N'Aït Abdelaziz, interrogé par l'APS. Il a relevé sur sa lancée la nécessité de «mettre à profit cette période de transition pour réfléchir sur les causes réelles de la spéculation». Recul face à l'informel Quant à Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), il estime que «la problématique de l'inflation demeure non résolue». Il s'avère impératif, d'après lui, de «s'attaquer au problème de l'inflation pour permettre au pouvoir d'achat des citoyens d'évoluer sainement». Réagissant en industriel, Issad Rebrab, premier producteur de sucre et d'huile de table, lui, considère que la suppression de la TVA (qui était de 17%) et des droits de douane sur les huiles brutes et le sucre roux (5%) va «énormément baisser les prix du sucre et de l'huile mais posera des problèmes à l'industrie du raffinage du sucre». En matière de l'IBS (19%), cet impôt est calculé sur un an et n'est recouvert que si l'entreprise a réalisé des bénéfices. C'est-à-dire qu'en pratique, les dispositions du gouvernement butent sur des difficultés d'ordre technique. Les patrons estiment que ces difficultés figurent noir sur blanc sur leur brouillon analysant la première démarche de stabilisation des prix entreprise par le gouvernement. Le texte de l'Exécutif est plus intriguant sur certaines mesures des opérateurs destinées à enrayer l'informel. «A ce titre, les procédures nouvelles, imposées par certains pour l'approvisionnement des grossistes en sucre et en huile alimentaire sont des mesures injustifiées, qui, de surcroît, relèvent du domaine de compétence de la puissance publique», lit-on dans le communiqué du gouvernement. Il fait allusion aux pratiques de certains opérateurs de l'agroalimentaire qui, soucieux d'asseoir une tradition de transparence avec les grossistes et semi-grossistes, exigeaient de ces derniers la facturation des transactions et l'authentification de leurs registres du commerce. En quoi donc cette pratique gênera-t-elle le gouvernement qui, pourtant, n'a cessé de chanter la lutte contre le commerce informel ? Pour ce qui est des nouvelles mesures de paiement par chèque imposées aux transactions, dont la somme dépasse les 500 000 DA, le gouvernement a rappelé qu'elles ne seront applicables qu'à partir de fin mars. En attendant, l'informel continue de gagner du terrain. Et l'émeute, elle, implique une cure de fond.