Après un week-end sulfureux, durant lequel le cours des choses était comme suspendu, les activités quotidiennes sont revenues à la normale. Et qui dit «business as usual», dit circulation routière qui, pour cause de pénurie de carburant, a connu une diminution certaine. Ainsi, l'approvisionnement en essence de certaines stations-services, situées dans des quartiers «à risque», a été suspendu. «Par mesure de sécurité, les camions-citernes de Naftal, qui ne circulent que la nuit, ont reçu la consigne de ne pas le faire, et ce à compter de jeudi soir», explique le gérant d'une pompe à essence à Chevalley, qui ne désemplit pas en cette matinée de dimanche. Car la rupture de stocks n'a pas tardé. «Nos réserves se sont épuisées dans la soirée de jeudi, et pas moyen de nous réapprovisionner. La rupture a perduré jusqu'à ce matin, les camions ayant dérogé à l'interdiction faite aux poids lourds de circuler en ville durant la journée», raconte-t-il. Quid des automobilistes ? «Heureusement que la plupart des citoyens ont préféré ne pas s'aventurer dehors durant ces deux derniers jours, évitant par la même la panne sèche», ajoute-t-il. Mais cette pénurie de carburant n'a, semble-t-il, pas touché l'ensemble des stations-services, comme l'atteste le responsable d'une structure située à Chéraga. «Nous n'avons connu aucun problème à aucun moment», affirme-t-il. Mais des dérèglements ont aussi touché l'ensemble des moyens de transport, ferroviaire ou routiers qu'ils soient. Nul train n'a ainsi circulé depuis la soirée de jeudi, de banlieue qu'il soit ou régional, immobilisant des milliers d'usagers. «Par mesure de sécurité, le trafic a cessé jeudi, pour reprendre progressivement dimanche matin, avec quelques navettes vers les banlieues», assure Mme Ali Messaoud, chargée de la communication de la SNTF. Une reprise totale des activités régionales du réseau ferroviaire était ainsi prévue aujourd'hui «au plus tard», estime-t-elle, sans toutefois pouvoir encore donner le nombre de dessertes assurées, ou encore une estimation du manque à gagner engendré par cet arrêt. Malgré la casse, commerces et postes ouvrent. Pour ce qui est des transports routiers, bus urbains et autres taxis, la Fédération des transporteurs, affiliée à l'UGCAA, assure, par le biais de M. Boulenouar, que «le service est assuré, après un week-end de ralentissement». «La vie a repris ses droits. Il est vrai que jeudi et vendredi, de nombreux opérateurs ont déserté les gares routières très tôt ou n'ont carrément pas travaillé de peur d'être bloqués ou de subir des dommages», explique-t-il. En dehors des longues distances interwilayales, ou des véhicules escomptant rallier des zones bloquées à la circulation pour cause d'émeutes, «tout va bien». Ce qui explique aussi les ruptures de stocks déplorées ça et là par les commerçants de certaines régions, causées par un déficit d'approvisionnement en marchandises, «tout spécialement en ce qui concerne l'alimentation générale», précise M. Boulenouar. «Malgré cela, la plupart des magasins de par le territoire national ont ouvert, et ce même si des dégâts matériels ont été constatés sur près d'une centaine d'entre eux», ajoute-t-il. Et l'un des services publics le plus rudement touché par la vindicte populaire est Algérie Poste. Près de 50 bureaux de poste ont ainsi été saccagés, «plus ou moins gravement», estime une source proche d'Algérie Poste. Ce qui n'a pas pour autant conduit à leur fermeture, puisque, assure-t-on, «les services postiers ont assuré leurs activités jeudi, samedi et dimanche, et ce sans aucun aménagement des horaires». Du moins pour l'instant, puisque les activités restent tributaires de la situation sécuritaire.