Une source de l'administration fiscale nous a indiqué qu'environ 30 000 contribuables fraudeurs avaient été identifiés au 31 décembre 2010, un chiffre en sensible augmentation comparativement aux bilans de 2009 et de 2008. C'est dire que la question de l'évasion fiscale, qui refait surface au lendemain d'un recul déclaré du gouvernement face à l'informel, est plus que jamais grandissante. Ces statistiques, à elles seules, témoignent de l'étendue du phénomène de l'évasion fiscale et de l'informel en Algérie. Les contribuables inscrits au Fichier national des fraudeurs (FNF), auteurs d'infractions à la législation fiscale et/ou douanière et bancaire, étaient de près de 15 000 à la fin de l'année 2009. Le chiffre a doublé en 2010, faisant ainsi apparaître en toile de fond un sérieux dommage infligé au Trésor public et à l'économie algérienne. Mais il ne s'agit que d'une partie du fléau, dont la structure implique des milliers d'autres commerçants «hors la loi». Car les 30 000 contribuables fraudeurs, appelés aussi dans le jargon fiscal «personnes physiques et morales auteurs d'infractions à la législation fiscale, douanière, commerciale et bancaire», ne représentent qu'une infime catégorie. Pour les entreprises inscrites dans le FNF, cela signifie interdiction de toute domiciliation bancaire pour les besoins d'acquisition de matières premières, mais surtout de toute soumission aux marchés publics. Les importateurs, quant à eux, sont interdits de toute opération relevant du commerce extérieur, et ce, par leur interdiction de domiciliation bancaire.