Les résultats scolaires des élèves issus des familles relogées récemment ont été «catastrophiques» au premier trimestre. Dans les établissements concernés, 34% des élèves seulement ont obtenu la moyenne de 5 sur 10 ou de 10 sur 20. Selon Mme Fatma-Zohra Meradi, membre du Conseil national de l'Union nationale des associations des parents d'élèves et vice-présidente de cette organisation au niveau de la wilaya d'Alger, «la sonnette d'alarme est tirée puisqu'un nombre important d'élèves a obtenu une moyenne de moins de 3/20». Le rendement faible des élèves est favorisé par les «conditions difficiles de scolarité». Les parents d'élèves pointent d'un doigt accusateur l'opération de relogement réalisée dans la hâte : «sans les préparations nécessaires pour assurer au minimum les conditions de scolarité dans les sites d'accueil». Bien que leurs familles aient été relogées dans des logements neufs, une grande partie des élèves continue à fréquenter leurs anciennes écoles, assure-t-on au niveau des associations des parents d'élèves. «En l'absence de places pédagogiques dans les cités d'accueil, les élèves continuent à rejoindre leurs anciennes classes. C'est le cas pour ceux ayant quitté les bidonvilles de Bordj El Kiffan et les chalets les Ondines à Bordj El Bahri», assurent des parents d'élèves. Prendre le bus chaque matin constitue une contrainte pour ces gosses qui doivent fournir des efforts supplémentaires pour être en classe à l'heure et se passer du repas de midi, puisqu'une grande partie des établissements n'est pas dotée de cantines. Les organisateurs des opérations de relogement, à savoir la wilaya d'Alger, n'ont pas jugé qu'une préparation psychologique est nécessaire pour les enfants dont les familles doivent quitter un lieu de résidence pour un autre. Les parents d'élèves regrettent l'absence de soutien psychologique à l'adresse de cette catégorie d'enfants, appelés à changer d'environnement, de copains et surtout d'école. Les responsables de l'Union des parents d'élèves, lors d'une conférence de presse, n'ont pas mâché leurs mots. Le déménagement effectué au beau milieu de l'année scolaire a eu pour effet de déstabiliser ces élèves qui ont été accueillis dans des conditions «très difficiles». A-t-on vraiment réfléchi avant de décider des dates de relogement ? Situation «cornélienne» pour l'éducation Le premier facteur pointé du doigt par les parents déçus par les chiffres catastrophiques représentant les résultats de leurs enfants est la surcharge des classes. Si les responsables du secteur du logement de la wilaya d'Alger ont, à chaque opération de relogement, insisté sur la disponibilité des places pédagogiques dans les sites d'accueil (Birtouta, Djenane Sfari, Draria, Tessala El Merdja), le constat des parents est tout autre. «Pensez-vous qu'on a réglé le problème des places pédagogiques avec une classe de 50 élèves ?» s'interroge M. Kheiredine, représentant des parents d'élèves de la wilaya d'Alger. «Qui a décidé donc de la date des déménagements», s'interroge le représentant des parents ? Le directeur du logement de la wilaya d'Alger, M. Smaïl, a pourtant précisé que la disponibilité en places pédagogiques est un critère retenu pour le choix des dates. Il a également expliqué, dans une de ses déclarations, que 30 000 places pédagogiques ont été assurées pour les élèves issus des familles relogées. Ces chiffres ne semblent pas régler le problème de la scolarité des élèves. Les parents semblent remettre en cause ce nombre puisque les classes sont surchargées, et dans certains établissements, la double vacation est la seule solution. Cette situation est en partie confirmée par le ministère de l'Education nationale. Selon M. Boumaraf, conseiller du ministre de l'Education nationale, «il existe un vrai problème de capacité de réalisation». L'éducation n'a pas réceptionné tous les ouvrages que la wilaya d'Alger devait livrer à la dernière rentrée scolaire, a-t-il précisé. Ainsi, sur un ensemble de 29 écoles primaires prévues, seules 9 ont été réceptionnées en septembre dernier. 9 CEM seulement ont été livrés sur les 13 prévus pour septembre, alors que le secteur prévoit la réalisation de 39 établissements, et aucun lycée n'a été livré alors que le ministère devait en réceptionner 3 sur un ensemble de 27 à réaliser. Ces chiffres, communiqués par M. Boumaraf illustrent parfaitement l'indisponibilité des établissements destinés à accueillir les élèves. Bien que le secteur soit représenté par les directeurs de l'éducation au niveau de la wilaya, aucune consultation n'a été faite sur le choix des dates de recasement des familles, resté du ressort de la wilaya d'Alger. Le département de Benbouzid est ainsi censé trouver un «placement» des élèves après leur relogement. Le conseiller du ministre parle de difficultés momentanées. La prise en charge a été assurée ; le problème de la surcharge sera réglé avec la réception des nouveaux établissements. «C'est une situation cornélienne, déclare M. Boumaraf. «Nous avons procédé de manière à assurer une place pour chaque élève», assure ce responsable qui reconnaît la surcharge des classes qui a contraint certains établissements à recourir à la double vacation. «C'est une mauvaise passe provisoire», espère-t-il enfin.