Le projet controversé de réalisation d'une station d'enrobage de 2,5 ha sur des terres agricoles à l'est de Chelghoum Laïd, dans la wilaya de Mila, suscite une grande polémique. Le promoteur privé, détenteur du projet, fait face à une farouche opposition de la part du mouvement associatif, à sa tête l'association Ecologia, de protection de l'environnement. Des centaines de riverains signataires d'une pétition adressée aux plus hautes autorités du pays, ont fait front uni contre l'implantation dudit projet, dont les incidences en matière de pollution sont jugées catastrophiques. Dans une lettre adressée au wali, datée du 14 décembre 2010, l'association interpelle ce dernier sur les risques d'émanations de gaz toxiques provenant de cette fabrique, devant utiliser le bitume à chaud. «En outre, la localisation de ce projet sur des terres agricoles fertiles est une agression contre les mechtas environnantes abritant près de 3500 âmes. Il est dès lors urgent de délocaliser cette unité de fabrication de bitume ou d'en changer la nature de l'activité», lit-on dans cette correspondance. L'association Ecologia s'insurge, en plus, contre la décision n° 6 du 24-01-2010 donnant à l'exploitant l'accord de principe de création de la station en question. Dans la foulée, des actions en justice sont introduites contre le promoteur par plusieurs associations. En dépit de ce branle-bas de combat, des sources proches du dossier affirment que «le projet tant décrié est conforme à la réglementation». Aux dires d'un cadre des Forêts, «l'investisseur n'a transgressé aucune loi, puisque son projet a reçu l'aval de tous les intervenants, entre autres, les secteurs de l'environnement, des domaines, de l'agriculture, de l'hydraulique et des forêts.» Questionné à propos de la coupe d'une quarantaine d'arbres, dont 5 centenaires, maladroitement enfouis sous le remblai à proximité de la station d'enrobage, ce même responsable affirme qu'il s'agit «d'arbres morts», et qu'un P.V. de constat a été rédigé dans ce sens. De plus, poursuit-il, «une enquête de commodo-incommodo a même été établie et publiée dans les communes de Mila et Chelghoum Laïd». Des assertions qui ne peuvent cependant occulter le préjudice environnemental d'un tel projet qui, de surcroît, est domicilié aux confluents de deux importants affluents alimentant le barrage de Beni Haroun. Paradoxalement, après un arrêt de plusieurs mois, les travaux de terrassement et de clôture de l'enceinte ont repris de plus belle. Selon le président d'Ecologia, «une décision de mise à l'arrêt du chantier vient d'être signifiée au promoteur suite à la visite sur site, de la commission des installations classées regroupant une quinzaine de secteurs».