Décidément, le bras de fer engagé entre le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, et le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, concernant les prix de l'huile et du sucre, semble bien parti pour durer. Hier, Issad Rebrab, en marge d'une rencontre sur la performance de la distribution et du service après-vente organisée par le cabinet Ernst & Young à Alger, est revenu à la charge et a qualifié le gouvernent d'être out de la réalité du marché : «Ceux qui prennent les décisions ne connaissent pas la réalité du terrain.» Issad Rebrab ne compte pas abdiquer face aux attaques du gouvernement et leur renvoie la balle en accusant clairement les importateurs d'être à l'origine de la crise. «Il y a un lobby puissant qui arrive à influer sur les décideurs», a-t-il révélé. «Il y a effectivement certains importateurs qui ont des sponsors qui les soutiennent, sinon comment expliquer de telles décisions. Malheureusement, ces importateurs, avec leur argent, peuvent beaucoup de choses», a-t-il ajouté. «Comment expliquez-vous qu'on ait diminué les charges fiscales de 52 % pour les importateurs alors que cette réduction n'est que de 22% pour les producteurs ?» s'étonne Rebrab. Il a démenti les informations colportées par la presse concernant le cumul des charges fiscales estimée à 41% : «C'est faux, il n'y a jamais eu de 41% de baisse.» Evoquant l'exonération des taxes sur les bénéfices, perçue comme un cafouillage de la part des pouvoirs publics, le patron de Cevital a été même jusqu'à rencontrer le directeur général des impôts à ce sujet : «Comment calculer la proportionnalité sur les 8 mois ? Il m'a dit : “Non vous n'êtes pas exonérés, vous allez payer l'impôt sur les bénéfices, on a seulement différé l'acompte provisionnel“.» «Donc, a déduit Rebrab, il n'y a pas réellement de réduction de 19% sur l'import des bénéfices.» Et de s'exclamer : «Je ne sais pas comment ils font leurs calculs !» Mais le souci majeur de Rebrab réside dans le fait qu'on reproche à son entreprise d'«être efficace». «On nous a accusé d'avoir baissé les prix, alors qu'en réalité nous n'avons que déduit des anciens prix les exonérations estimées à 22% accordées par l'Etat», explique-t-il en réfutant l'autre accusation émise par les pouvoirs publics et certains partis politiques concernant sa soi-disant «mainmise sur le marché du sucre et de l'huile». «Au lieu d'encourager les entreprises efficaces qui peuvent tirer le pays vers le haut, on nous reproche de faire dans le monopole. Nous ,n'avons aucun monopole. Nous n'avons pas l'exclusivité de produire ou de distribuer. Il est vrai que nous avons une position dominante. Nous en sommes fiers», a‑t‑il ajouté. Cevital est une entreprise «exportatrice, étant donné que les besoins de l'Algérie sont couverts. Nous sommes compétitifs sur 28 pays, notamment dans des pays riches comme l'Espagne, la Suisse ou l'Italie. Nous avons exporté l'an dernier pour 300 millions de dollars et cette année nous comptons doubler la mise. Nous tablons sur 600 ou 800 millions de dollars d'exportations». Et d'ajouter, comme pour aviser les autorités publiques : «Eventuellement, si jamais on ne rencontre pas de difficultés au port de Béjaïa pour charger nos bateaux !» Cevital est classé deuxième pourvoyeur de devises après Sonatrach et verse annuellement, selon Issad Rebrab, 40 milliards de dinars (400 millions d'euros) au Trésor public. «Nous sommes à jour, nous avons payé notre dû au fisc, sinon pensez-vous qu'on nous laisserait travailler ?», a-t-il conclu.