Le président-directeur général du groupe Cevital, Issad Rabrab, a expliqué hier la hausse injustifiée des prix du sucre et de l'huile constatée depuis une semaine sur le marché par «la spéculation au niveau du commerce de gros et de détail». «En dépit de la hausse de leurs prix sur le marché mondial, le groupe Cevital n'a pas augmenté les prix du sucre et de l'huile», a assuré M. Rebrab lors d'une conférence de presse organisée à Alger. «Cevital a maintenu les anciens prix des deux produits grâce à sa politique d'anticipation qui lui a permis de disposer d'un stock suffisant en matières premières», a-t-il ajouté en se disant «étonné» de voir les grossistes et les détaillants augmenter les prix pour céder à 120 DA le kg de sucre et à 750 DA la bombonne de 5 litres d'huile. Au niveau de Cevital, le prix du sucre est de 92 DA/kg alors que celui de l'huile de table est de 650 DA/bombonne de 5 litres, selon le conférencier qui a assuré que «les quantités sont suffisantes et sont à même de couvrir les besoins du marché durant les prochains mois». «Même les autres producteurs des deux produits disposent de stocks», a-t-il avancé. Rebrab a dit avoir informé, jeudi dernier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lors de la réunion avec les producteurs «sur les fluctuations des prix des matières premières sur le marché mondial». «Le ministre a promis, a-t-il dit, des mesures devant permettre une stabilisation des prix sur le marché local». «Il s'est engagé pour aider les producteurs, en cas de hausse des prix des matières premières sur le marché international», a-t-il ajouté. Les nouvelles mesures devaient être annoncées hier lors du Conseil interministériel tenu pour examiner la récente hausse des prix à l'origine des émeutes à travers le pays. Néanmoins, pour les prochains mois, Rebrab n'écarte pas une augmentation des prix de ses produits après la rupture des stocks des deux produits «si le gouvernement ne prend pas des mesures pour stabiliser les prix». En ce sens, le patron de Cevital propose l'encouragement des investissements pour cultiver les grains oléagineux pour ne plus dépendre des fluctuations du marché mondial. Outre la satisfaction des besoins de son marché, l'Algérie pourra passer au stade d'exportateurs des huiles végétales. Rebrab se dit convaincu que «les prix ne peuvent être stabilisés que si de nouvelles dispositions sont prises par le gouvernement». Les grossistes craignent un redressement fiscal A propos de l'augmentation des prix décidée par les grossistes, il a expliqué que ces commerçants, qui activaient auparavant dans l'informel, ont été sommés de se conformer à la réglementation en présentant notamment des factures et un «vrai» registre du commerce. En acceptant de se conformer à la réglementation, ils ont décidé, en parallèle, de réviser à la hausse les prix, car auparavant ils prenaient une marge bénéficiaire de 1% sur les prix des produits. En échapant au contrôle fiscal, ils acceptaient une faible marge bénéficiaire sur les prix de vente, a-t-il expliqué. En travaillant dans la «transparence», les grossistes craignent un redressement fiscal concernant les années précédentes lorsqu'ils ne déclaraient pas leur chiffre d'affaires réel. Parce qu'ils sont obligés de présenter un registre du commerce authentifié lors de l'achat des produits de Cevital, certains ne se sont pas approvisionnés auprès des distributeurs qui leur ont exigé ces documents et ont préféré acheter auprès des producteurs qui ne leur ont pas exigé de documents, mais leur ont proposé des prix plus élevés que ceux proposés par le groupe Cevital. Cette hausse de 11 DA/litre décidée par les autres producteurs d'huile de table a été vite répercutée sur la vente de l'huile pour les commerces de détail, a indiqué M. Rebrab. Cevital détient 65% des parts du marché de l'huile avec une capacité de production de 140% des besoins et assure aussi la demande en sucre en fournissant en moyenne 800 000 tonnes sur un besoin de 1,1 million de tonnes.