Comme un enfant qui casse tout et refuse de reconnaître ses torts, le régime poursuit sa longue marche vers la reconnaissance totale et exclusive de soi. Déjà accusé d'avoir payé des casseurs pour briser l'élan des protestataires émeutiers du 5 janvier, il vient encore d'être accusé, à travers ses appareils gardiens de la rente, RND et UGTA, de payer des casseurs pour délégitimer la marche d'aujourd'hui. En gros, le régime envoie des casseurs qu'il paye avec l'argent des Algériens, pour casser les marches des Algériens et pleurer ensuite sur la casse, filmant la désolation à travers son œil inquisiteur, l'ENTV. Comme un enfant gâté qui se demande pourquoi son jouet ne marche plus, après lui avoir marché dessus, déstructuré et brisé, le régime accuse les autres de ne pas être à la hauteur de la situation et de vouloir lui enlever son statut de chouchou qui a le droit à tout, même s'il ne le mérite aucunement. Les positions sont claires, d'un côté le RCD, qui tente d'exploiter l'énorme sentiment de frustration de la population en faisant oublier l'inertie de toute la classe politique opposante. En face, un régime prêt à tout pour garder son monopole d'enfant unique de l'Algérie, et qui va utiliser toutes les armes de déstabilisation en son pouvoir pour casser cette marche. Il est clair que le président Bouteflika, grand ami de Ben Ali et ennemi de ses opposants, n'a aucune intention de se laisser dépasser par l'histoire. Il est tout aussi clair que DOK, le ministre de l'Intérieur de 78 ans, qui a exactement 60 ans de plus que les émeutiers de 18 ans, n'a aucune intention de se laisser dépasser par la date de péremption d'un pur produit du système qui aurait déjà dû être retiré des étalages au nom du principe de précaution. Face à un enfant colérique, capricieux et violent, que faire ? Les pédiatres recommandent la maison de redressement. Un genre de TPI pour enfants.