Après le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), c'était au tour, hier, de Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN, de prêter l'intention au chef de l'Etat d'opérer, dans les prochains jours, un remaniement gouvernemental. Dans un communiqué rendu public la veille de sa marche, le RCD avait, rappelle-t-on, affirmé que c'est le président Bouteflika lui-même qui a instruit la télévision et la radio pour rappeler l'interdiction de la marche. Le but ? Le parti dirigé par Saïd Sadi s'est dit convaincu qu'il s'agissait là d'une attitude destinée, ni plus ni moins, qu'à «préparer un remaniement gouvernemental». «Le chef de l'Etat suggère qu'après cette interdiction, il interviendrait, en tant qu'arbitre, pour lâcher du lest par un remaniement gouvernemental», écrit le RCD dans un communiqué publié vendredi dernier. «Le scénario est malheureusement connu : réprimer, intimider et courir derrière l'histoire en cédant trop peu, trop tard et trop mal», a-t-il ajouté. Abderrahmane Belayat n'a pas expliqué, pour sa part, les raisons qui pourraient amener Abdelaziz Bouteflika à se passer de quelques ministres. Il est difficile, cependant, de ne pas lier ce remaniement avec les dernières émeutes qui ont eu pour théâtre les grandes villes du pays et de ne pas y voir une tentative destinée à calmer une population plus qu'excédée par l'incompétence et le niveau de corruption qui affectent l'administration. Quels ministres pourraient faire les frais de ce changement ? Pour le moment, personne ne le sait. Encore que, lors de son passage la semaine dernière à la Radio nationale, Chiheb Seddik, député et homme de confiance d'Ahmed Ouyahia, a donné une idée sur les personnes qui pourraient être sacrifiées sur l'autel de la campagne de moralisation de la vie publique, puisqu'il faut bien appeler les choses ainsi. En attendant que cela se produise, il faut dire que pour le moment, la classe politique ne fait pas de ce remaniement son sujet favori. Habituellement volubile, le Parti des travailleurs (PT) n'a pas souhaité, hier, commenter cette information. Considéré comme l'un des bras droits de Louisa Hanoune, Djeloul Djoudi s'est contenté de rappeler les positions de son parti par rapport à la politique économique du gouvernement. Il est à rappeler toutefois que dans un passé récent, le PT avait mené campagne pour la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN). Ce parti vient d'ailleurs d'être rejoint dans cette revendication par le RCD. A la seule différence peut-être que le parti de Saïd Sadi exige maintenant la dissolution de toutes les assemblées élues. Contacté hier aussi par El Watan pour connaître sa position sur la question, le Front des forces socialistes (FFS) a pour sa part affirmé ne disposer d'aucune information sur ce remaniement. «Le FFS n'est pas dans le secret des dieux et n'a pas pour habitude d'être destinataire des confidences du général Toufik», a indiqué sur une note d'humour le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou. Notre interlocuteur a néanmoins insisté sur l'idée que «toute initiative qui ne va pas dans le sens d'une réelle ouverture des champs politique et médiatique et d'une consécration pleine et entière des libertés individuelles et collectives ne peut être considérée que comme une tentative de maquillage et de replâtrage d'un régime honni par la population». L'avis défendu par le FFS est partagé également par un grand nombre d'associations de la société civile et de formations politiques. Lors d'une réunion tenue, vendredi à Alger, à la Maison des syndicats, une vingtaine d'acteurs de la scène politique et sociale ont décidé, «face aux attitudes répressives et méprisantes du régime en place contre la société algérienne»