Le concert a débuté avec presque 3 heures de retard. Un calvaire à oublier au plus vite. Drôle de concert de rap qu'a abrité jeudi dernier la coupole Mohamed Boudiaf. Animé par Kool Shen (ex-membre du groupe NTM) et le groupe 113, venus de France, le concert est présenté comme un « événement » par ses organisateurs (2 Rives productions). La soirée est caractérisée par l'anarchie et vécue comme un calvaire. Les artistes se sont produits dans une salle presque vide. L'horaire fixé par le déroulement du concert n'a pas été respecté. En effet, la soirée devait commencer à 20 h. Elle n'a débuté qu'à 22h45. Les badges d'entrée pour la presse ont été attribués dans le désordre. La sonorisation était défaillante. Ainsi, on n'arrive pas à comprendre les textes interprétés. En parallèle, les airs de musique se sont transformés en vacarme strident vrillant les oreilles, et générant des vibrations comparables par moments à des répliques sismiques. Las d'attendre, des adolescents jettent des bouteilles d'eau minérale vides sur la scène ; d'autres se mettent en cercles au milieu desquels s'improvisent des scènes de danse ; d'autres courent dans la salle ou prennent des photos. Enfin apparaît sur scène Kool Shen. A sa 4e chanson, des spectateurs commencent à quitter les lieux. Et les organisateurs évacuent une partie des tribunes, demandant aux occupants de changer de place. L'assistance a puisé ses dernières énergies pour danser. Et les murs rendaient les échos d'une musique rythmée mais altérée par la mauvaise qualité de la sonorisation. Il cède ensuite la scène au groupe 113. Des spectateurs quittent la scène fatigués. Certains se sont allongés sur les strapontins. Ils somnolent, bâillent ou dorment, c'est au degré de la fatigue. La voix des artistes donnent l'impression d'une série de gargarismes et logorrhée pour faire vibrer une foule momifiée, tel un médecin qui tente de réanimer un mort avec du sérum. La foule ne peut que crier et applaudir. Suivent de la part du public des insultes et obscénités à l'égard du ministre français de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Des insanités impossibles à proférer, même si on est seul dans une forêt amazonienne. Ainsi, la scène reflète un environnement de lupanar. Le concert se termine 40 minutes après minuit. Des spectateurs continuent tout en quittant la salle à ruminer leurs casse-croûtes achetés sur les lieux pour tromper la faim. Ils ont payé 1000 DA la place pour assister à un concert qui a débuté avec près de trois heures de retard. Un concert à oublier au plus vite. Pourtant, à avoir le parcours des artistes qui l'ont animé, on s'attendait à une fête grandiose et à une organisation parfaite. Rien de tout cela. L'« événement » a accouché d'un calvaire. Le parturiente s'en est sortie indemne. Elle se rétablira sûrement vite.