Le commerce de la friperie qui connaît un grand engouement ces dernières années révèle la misère qui gagne de plus en plus de foyers. Le commerce de friperie est en force à travers les différents marchés de la région sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Des tas de chiffons, de haillons et de bottillons sont étalés à même le sol. La clientèle ne manque pas par ces temps de disette. Les citoyens rongés par la pauvreté n'hésitent pas à s'en approvisionner. De Maâtkas aux Ouadhias, en passant par Souk El Tenine et Boghni le constat est identique. Le marché de la fripe connaît de beaux jours. Il est impossible pour une grande partie des citoyens d'acheter du neuf. Le moindre pantalon n'est accessible qu'à hauteur de 1500 DA. La moindre chemise neuve n'est proposée qu'à partir de 800 DA. Les chaussures coûtent à peu prés le quart du salaire d'un ouvrier ou d'un petit fonctionnaire. Quant aux vestes, aux blousons et aux pardessus, il faut mettre tout son salaire pour les acquérir. En ce qui concerne les chômeurs et les bénéficiaires du filet social, ils n'osent même pas entrer dans une boutique de vêtements neufs. A ce sujet, un client que nous avons rencontré aux Ouadhias nous confiera : «A quelque chose malheur est bon. Si ce n'était pas les vêtements d'occasion, nous ne saurions quoi faire. Avec mon salaire de15 000 dinars, il est impossible de garantir la subsistance à mes quatre enfants. Quant à les vêtir c'est pratiquement impossible. Heureusement il y a la friperie. L'essentiel est de se vêtir». Comme lui, ils sont beaucoup à se contenter des vêtements d'occasion. La chute du pouvoir d'achat des ouvriers et des fonctionnaires est une réalité que nul ne peut nier. A Souk El Tenine, A Maatkas et aux Ouadhias les boutiques de friperie poussent comme des champignons. La filière est en plein essor. On en trouve différents produits repoussants pour la plupart. Des godasses, des bottillons et toutes sortes d'effets vestimentaires lavés, relavés jusqu'à l'usure sont exposés et proposés à la vente à des prix alléchants. Une paire de chaussures pour quelques dizaines de dinars. «Les citoyens les achètent et passent chez le cordonnier pour les réparer», nous apprendra ce vendeur de Boghni. Des chemises sont proposées à 50 dinars l'unité. Des pantalons à seulement 100 dinars. Inutile de préciser que les clients ne manquent pas. Un constat désolant et décourageant. Ces citoyens modestes mettront sur leurs épaules des haillons venus d'horizons divers. Les risques sur la santé des porteurs sont confirmés par de nombreux médecins. Les allergies, les eczémas et d'autres maladies encore ont été signalés à plusieurs reprises. Pour s'en prémunir, le commun des mortels penserait qu'il suffit de laver ces haillons à l'eau chaude et à l'eau de javel. Mais certains germes et microbes résistent à ces produits A Souk el Tenine, à Maatkas, aux Ouadhias et à Boghni les boutiques de la fripe foisonnent. Des signes qui montrent que la misère et le marasme social sont une réalité quotidienne. Il est grand temps de mettre les mécanismes efficients pour résorber cette paupérisation rampante.