Dans les traditions algériennes, la santé à l'hôpital était uniquement affaire de médecin. Or, l'évolution de l'esprit médical a remis en question les barrières traditionnelles et a imposé la constitution d'équipes médicales pluridisciplinaires qui savent mieux la problématique de la maladie. De cette évolution, nous devons en tirer profit. Dans l'intérêt du malade et dans l'optique d'une médecine idéale, il serait nécessaire d'inviter médecins et pharmaciens à collaborer davantage ensemble dans les hôpitaux. Le pharmacien, qui est le spécialiste du médicament, et le médecin, qui est le spécialiste de la santé, doivent mettre en commun leurs connaissances. Par exemple, tel médecin pourrait ignorer des contre-indications ou des interventions nocives de quelques médicaments, alors l'apport du pharmacien serait irremplaçable. Ne parlons pas de l'utilité du pharmacien biologiste qui a permis à la médecine d'affiner les diagnostics et de mieux traiter les patients. Dans la thérapeutique moderne, le médecin est aveugle si le pharmacien biologiste n'intervient pas. Ce dernier permet une double économie dans la consommation des médicaments et dans la durée du traitement. Au moment où la pharmacie clinique commence à acquérir ses lettres de noblesse, il serait utile que les pouvoirs publics prennent en considération cette évolution des mœurs médicales pour repenser une organisation de la santé qui permettrait l'intégration du pharmacien dans les équipes hospitalières. La santé des citoyens serait mieux protégée et les fonds alloués à la santé deviendraient nécessairement moindres. Qui dispose de l'information dispose du pouvoir. C'est en ce sens qu'il faut réfléchir sur la quantité et la qualité reçues et fournies par le pharmacien algérien. Ce qu'il reçoit est-il en adéquation avec ses besoins et sa profession ? Ce qu'il donne est-il en phase avec, d'une part, les nouveautés et, d'autre part, avec les besoins des patients ? A cet effet, il faut remarquer que l'information reçue dans les facultés laisse parfois à désirer. Nous citerons comme exemple le fait que l'enseignement concernant les molécules sous forme de Dénomination commune internationale (DCI) n'existe presque pas, le futur praticien est conditionné pour servir des marques et non des médicaments. Ce mécanisme nous lie davantage à une sphère productive qui ne raisonne guère en fonction de la pathologie et du coût de traitement. Il faudrait donc repenser le contenu et le mode de l'information reçus aussi bien sur les bancs des facultés qu'une fois les études achevées. Mais il existe aussi un autre problème qui mérite de s'y intéresser. Il s'agit de réfléchir sur la nature et la qualité de l'information données par le pharmacien algérien. Personne n'ignore l'état de sous-information médicale de nos populations, personne n'ignore que le faible pouvoir d'achat des citoyens transforme le pharmacien en conseiller médical , il s'agit donc d'essayer de cerner la qualité et la quantité du flux d'informations reçues et données. Le 1re aspect de notre réflexion concernera le problème de l'objectivité scientifique de l'information fournie par les producteurs. Comment distinguer l'information vraie de la publicité ? Enfin, il s'agit de savoir si l'information reçue permet au pharmacien de conseiller et de contrôler efficacement les prescriptions médicales, de signaler au producteur les effets secondaires non signalés et d'être d'un apport positif par ses conseils pour la population.