Ce qui n'était que simple spéculation tend à devenir une réalité incontournable. Même si, le plus souvent, la rumeur circule en vase clos elle ne cesse de prendre de l'ampleur et de s'amplifier. La voie est libre. Partira, partira pas? Telle est la question qui tarabuste la vox populi ces derniers jours après que la presse nationale s'est fait l'écho d'une éventuelle démission du chef du gouvernement, d'autres allant jusqu'à avancer son éviction. Une information qui tend à se révéler juste d'autant plus que la dernière sortie officielle d'Ahmed Ouyahia a eu lieu le 10 mai à l'occasion du dernier conseil de gouvernement. L'autre fait qui plaide pour cette théorie, élaboré en dehors des cercles officiels, a trait à l'absence de M.Ouyahia, hier, à l'accueil de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, accueilli à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Ce qui laisse libre cours à la spéculation politique. En outre, l'absence de commentaire de part et d'autre conforte la thèse du départ de l'actuel chef du gouvernement et la situation donne quelque crédit aux assertions selon lesquelles le courant ne passerait plus entre le président et son chef du gouvernement. Aussi, ce silence qui, au demeurant ne s'explique pas, ne fait qu'enfler prenant le relais d'une communication inexistante laissant place aux supputations quant à un prochain départ de M.Ouyahia, sans doute plus tôt qu'il n'était prévu. Un constat renforcé par la non-convocation d'un conseil des ministres depuis des semaines, exactement depuis le 25 mars dernier. La seule solution, assurent certains observateurs, serait un changement de gouvernement aux fins de dissiper le malaise engendré, selon les mêmes sources par le forcing fait autour d'un éventuel amendement de la Constitution. A ce propos, plusieurs noms sont déjà avancés pour succéder à Ahmed Ouyahia. Il s'agit de Abdelaziz Belkhadem, Tayeb Belaïz, Abdelmalek Sellal et Chakib Khelil. Le choix de ces responsables n'est, en fait, pas fortuit. Ainsi, Belkhadem qui détient déjà le portefeuille de représentant personnel du président est susceptible de cadrer avec la fonction, pour la simple raison qu'il est l'initiateur, et le plus acharné à vouloir amender la Constitution. Mais comme la politique a ses raisons que la logique ignore, il est fort probable que ce poste échoit à d'autres pour d'autres considérations. Cela dit, les mêmes sources affirment que le chef de l'Etat n'a pas encore définitivement tranché la question et il est fort probable que Abdelmalek Sellal soit le nouveau locataire du Palais du gouvernement pour avoir été le directeur de la campagne présidentielle de Abdelaziz Bouteflika. Sellal, insiste-t-on, serait assez apte à prendre en charge l'Exécutif avec un objectif prioritaire: les prochaines législatives. Le choix de Sellal tient la route au sens qu'il a organisé la présidentielle de 1995 en tant que ministre de l'Intérieur. Il y a enfin Tayeb Belaïz, un véritable technocrate. Certaines sources révèlent, même, que l'essentiel des consultations est quasi terminé et qu'il ne reste qu'à mettre le plan en application. En effet, le nouveau chef du gouvernement est, dit-on, prêt à prendre les rênes, d'autant que la question de ses relations avec l'Exécutif ne devrait pas poser de problèmes, au sens où au sein du parti majoritaire, on annonce, de sources sûres, l'intention des principaux chefs de file des députés FLN de ne pas s'y opposer. Ce qui, selon les mêmes sources, faciliterait la révision de la Constitution et l'organisation d'un référendum avant la fin de l'année en cours. Cependant, et même si les noms des futurs successeurs d'Ahmed Ouyahia sont déjà sur le bureau du chef de l'Etat, il est quelque peu prématuré d'enterrer l'actuel gouvernement avant l'heure.