Une marche de soutien a eu lieu, hier à Paris, en faveur du peuple égyptien qui se bat actuellement pour mettre «hors d'état de nuire» le président Moubarak aux commandes depuis 30 ans Paris. De notre correspondant Hier la Tunisie, aujourd'hui l'Egypte, demain l'Algérie et la Syrie, les dictateurs tomberont», pouvait-on lire sur une banderole en carton déployée hier, lors de la marche organisée à Paris en soutien aux manifestations qui se déroulent actuellement au pays des Pharaons. Ils étaient plusieurs milliers d'Egyptiens à exiger le départ de Hosni Moubarak et de tous les dictateurs arabes du pouvoir. Des slogans hostiles ont été scandés tout au long de la marche qui a débuté sur la place de la République pour atteindre la place de l'Opéra. «Le peuple veut faire tomber le gouvernement», «Moubarak assassin, Sarkozy complice», «Pour une Assemblée constituante», «Jamel, tout le monde te déteste», ou «Pars, pars Moubarak, la justice est à tes trousses», écrivaient-ils sur les nombreuses pancartes soulevées par une foule composée essentiellement de jeunes. Mohsen, 29 ans, est vendeur de fruits et légumes sur les marchés parisiens. Pour cet Egyptien arrivé en France depuis trois ans, son pays doit changer de main. «Moubarak est le malheur du peuple, a-t-il dit. Il a vendu le pays à Israël et aux Américains. Ce n'est pas lui qui décide mais les étrangers. Les trois quarts des Egyptiens vivent sous le seuil de la pauvreté, alors que lui et le régime qui le soutient pillent le pays et profitent de ses richesses. Il est temps qu'il dégage.» Pour son ami H'sine, perché sur un fourgon, le micro à la main et la tête enturbannée d'un drapeau égyptien, le moment est historique car il mettra fin à trente années de règne «d'un dictateur de surcroît ami des riches et des puissants». «Le peuple égyptien ne peut plus se taire. Il se battra jusqu'a la chute du régime et l'arrivée d'une nouvelle ère démocratique», explique-t-il. Et d'ajouter : «Des élections libres et transparentes doivent avoir lieu et le vainqueur dirigera le pays, en fonction d'une nouvelle Constitution qui devrait voir le jour après le départ de Moubarak.» Solidaires avec ce qui se passe en Egypte, des Algériens et des Tunisiens ont également pris part à la marche. Un collectif qui porte le nom de Rached a distribué des tracts dans lesquels il appelle à manifester le 12 février prochain devant le consulat général d'Algérie à Paris pour «l'avènement de la démocratie et de la bonne gouvernance, afin de redonner espoir au peuple algérien». Le mouvement Rached, présent aussi à Londres, Genève et Montréal, estime qu'il est urgent de créer les conditions nécessaires au développement économique qui permettra au peuple algérien d'aspirer légitimement à une meilleure vie. Dans son tract, il a critiqué le pouvoir qui se targue de détenir 150 milliards de dollars de réserves de change alors que le peuple, lui, meurt de faim. Bref, Rached appelle à aller vers un monde où les uns cessent d'avoir tout et les autres cessent d'être privés de tout pour se contenter d'un espoir qui est plus terrible que la mort elle-même. L'Algérie était omniprésente lors de cette marche. L'ensemble des manifestants sont convaincus que le régime de Bouteflika et celui des généraux sont enfin arrivés à maturité et tomberont comme une figue sèche en automne. Mais d'ici là, ils ont appelé à la mobilisation et à suivre la situation de près, car comme dit Khaled, un Algérien de France, si le régime égyptien est par terre, il ne faudrait pas beaucoup pour celui de l'Algérie subisse le même sort. Amen...