Le procès sur le génocide et les crimes de guerre perpétrés par des responsables politiques et militaires marocains au Sahara occidental, depuis octobre 1975 à 1987, sera ouvert les 9 et 10 mars en Espagne, a rapporté hier l'APS citant l'agence de presse italienne Ansamed. Dans ce cadre, «la militante des droits humains Aminatou Haïder et 13 réfugiés sahraouis vivant dans les camps de Tindouf en Algérie ont été appelés à comparaître comme témoins». L'enquête confiée, en 2007, au célèbre juge espagnol Baltasar Garzon, était basée sur une plainte déposée en 2006 contre 31 Marocains ayant la responsabilité de la disparition de 542 personnes, après le retrait en 1975 de l'Espagne du Sahara occidental, son ancienne colonie. La plainte évoquait également la mort par torture de 56 Sahraouis dans les prisons marocaines. Après l'enquête préliminaire, le juge Garzon avait réduit le nombre de personnes visées par les investigations de 31 à 13 seulement. L'enquête menée par Baltasar Garzon avait été gelée après avis d'une commission rogatoire, et avait été renvoyée au Maroc en octobre 2008, a rappelé cette source. Le magistrat Pablo Ruiz, qui a remplacé le juge Garzon, a rouvert le dossier en novembre dernier et a convoqué, jeudi dernier, les 14 témoins sahraouis, a souligné la même source. Les 13 hauts responsables marocains dont certains sont encore en activité dont Hosni Benslimane, le chef de la Gendarmerie royale marocaine depuis 1985, sont accusés de crimes de guerre et de génocide. Par ailleurs, une importante délégation du Sahara occidental issue de divers horizons de la société civile et des territoires occupés par le Maroc prend part au 11e Forum social mondial (FSM) qui a entamé ses travaux hier à Dakar, est-il indiqué par l'APS. Selon le chef de la délégation sahraouie, Mohamed Chikh Lahbib, la présence des Sahraouis dans la capitale sénégalaise s'inscrit dans «la dynamique de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination». Durant leur séjour à Dakar, les délégués sahraouis comptent mener une campagne d'explication et de sensibilisation sur les dimensions de la cause sahraouie et son enracinement au sein de la société civile internationale. Le même responsable, également secrétaire général de l'Union des travailleurs sahraouis (UGTS) relève que la délégation sahraouie «bénéficie d'un grand soutien» de la part des organisations syndicales et d'entités juridiques venues des différents continents pour participer au FSM. Il rappelle qu'un riche programme a été élaboré en vue de représenter le Sahara occidental. «Nous avons prévu une intense activité à la faveur du FSM lors duquel les Sahraouis apporteront leur contribution à l'animation des débats, conférences et expositions ayant trait à la cause juste du peuple sahraoui et ses références historiques», indique-t-il. Aussi, un accent particulier sera également mis sur «les violations systématiques des droits de l'homme que les Marocains continuent de commettre dans les territoires occupés, dans le sud du Maroc et au niveau des sites universitaires». Pour le chef de la délégation sahraouie, le FSM constitue un espace privilégié pour l'organisation d'une conférence sur le thème : «Le Sahara occidental : dernière colonie en Afrique». Le Sahara occidental est aujourd'hui la dernière colonie d'Afrique à ne pas avoir abouti dans son processus de décolonisation.