La réalité se passe de commentaire dans la mesure où sur 464 dossiers acceptés par le Comité de sélection et de validation (CVS), sur un total de 614 demandes déposées depuis le lancement de l'opération en avril 2004, seuls 49 dossiers ont été honorés, et 4 projets concrétisés. La répartition des projets par secteur a touché l'élevage avec 336 dossiers, le bâtiment 109, les services 57, la fabrication 102 et l'agriculture 12. Mue donc par le souci de sensibiliser la population concernée par les opportunités inestimables dudit dispositif, l'agence CNAC de Mila a organisé les 23 et 24 novembre, simultanément à Mila et à Chelghoum Laïd des journées portes ouvertes à cet effet. Quand bien même la formule d'aide aux postulants réunissant les critères exigés et désireux de monter leur petite affaire est aussi attractive qu'inespérée, elle ne trouve pas hélas le prolongement escompté sur le terrain quasi inaccessible des établissements financiers. Une réalité qu'on ne pourrait qualifier autrement que de « réticences et de lourdeurs administratives » des banques, pour reprendre les termes d'un responsable de l'organisme CNAC. Lequel organisme s'attelle en plus à la réalisation d'objectifs à caractère social à travers sa vocation première d'indemnisation des travailleurs qui ont involontairement perdu leur emploi pour des raisons économiques de compression d'effectifs ou de dissolution d'entreprises, et ce, dans la limite de 1 à 3 ans. Pour revenir à la deuxième grande mission de la CNAC relative au soutien à la création d'activités par les chômeurs promoteurs âgés entre 35 et 50 ans, disons que la caisse d'assurance chômage a plutôt mis les bouchées doubles, appliquant à la lettre les dispositions et les modalités du décret présidentiel n°03/514 du 30 décembre 2003, ainsi que les décrets exécutifs n°04-01, 04-02 et 04-03 du 3 janvier 2004 fixant le niveau des aides accordées et les statuts du fonds de caution mutuelle de garantie. La mise sur pied à partir de l'année 1999 des Centres d'aide au travail indépendant (CATI), structures d'accompagnement qui encadrent le promoteur depuis le dépôt du dossier jusqu'à l'aboutissement du projet ; et animées par des conseillers spécialisés, conforte l'idée que la CNAC, qui intervient en complément du dispositif de l'Ansej en matière d'aide à l'emploi, s'investit pleinement dans cette dynamique prometteuse. Les études technico-économiques et les études des projets réalisées gratuitement par le biais des CATI au profit des chômeurs promoteurs, tout comme la signature d'une convention cadre au niveau national et local avec le secteur de la formation professionnelle afin d'optimiser les aptitudes professionnelles des candidats, sous-tendent, entre autres, la politique d'assistanat développée par la CNAC. Les crédits alloués varient de 2 à 5 millions de dinars, dont 5% à 10% à la charge du promoteur, 20% à 25% de Prêt non rémunéré (PNR) versé par la CNAC et une contribution bancaire de l'ordre de 70% à 75% avec des taux bonifiés. Il y a lieu de souligner que le promoteur présentera lui-même son projet devant le CSV qui regroupe 4 banques publiques, les 3 chambres (commerce et industrie, agriculture et artisanat, et métiers) et un représentant de la CNAC. Si le postulant satisfait aux conditions requises, une attestation d'éligibilité portant caution de 20% à 25% lui est délivrée par la Caisse d'assurance chômage. Rappelons enfin que les créneaux les plus ciblés, à travers le présent dispositif, touchent principalement les secteurs de l'agriculture, de l'hydraulique, de la pêche, les services, le bâtiment et l'artisanat. Force est de constater cependant que c'est plutôt du côté des banques que l'on évolue au bas des pâquerettes. Preuve en est que ces institutions financières ne jouent pas à fond le jeu et continuent à distiller au compte-gouttes les crédits, foulant aux pieds les dispositions de l'article 24 du décret 04-02 du 3 janvier 2004 qui stipule in extenso que la banque concernée dispose d'un délai de 90 jours à compter de la date de dépôt du dossier de crédit pour se prononcer. Et dire que des dizaines de dossiers croupissent depuis plus d'une année dans les arcanes de ces bailleurs de fonds.