Ni l'interdiction des autorités ni la propagande de la presse, de la police et des médias publics n'ont démotivé les initiateurs de la marche de ce samedi. Dans les sièges des partis, des associations et autres collectifs, les portes sont grandes ouvertes pour accueillir les volontaires. «Rien n'est laissé au hasard, de la conception des pancartes jusqu'à l'encadrement des manifestants en passant par l'hébergement des militants venus des autres wilayas», nous annonce d'emblée un des organisateurs au siège de la Snapap à El Harrach (ex-Belfort). Depuis mardi soir, un spot réalisé par le journaliste Fodil Boumala invitant les Algériens à sortir le 12 février fait le buzz sur Internet, notamment sur Youtube et Facebook. La commission technique de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie a décidé en concertation avec toutes les parties, d'un certain nombre de mesures logistiques et organisationnelles. Si chaque partie est libre de choisir ses slogans, ils respectent tout de même les mêmes mots d'ordre, à savoir «le changement et la démocratie, la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus des émeutes, une Algérie démocratique et sociale, ouverture des champs politique et médiatique et enfin le travail et la justice sociale», nous informe Imad, un militant de la LADDH. Cela n'exclut pas de voir des pancartes sur lesquelles des slogans hostiles à des cercles du pouvoir tels «Boutef Dégage», ou «DRS barakat». Un autre militant ajoute : «De toute façon, hormis les appels à la violence, aucun slogan ne sera interdit. C'est justement la libération de la parole que nous défendons et à laquelle nous appelons, n'est-ce pas ?» Concernant la confection des pancartes, tout le monde travaille d'arrache-pied pour être prêt le jour du «grand rendez-vous». Les organisateurs, selon nos informations, semblent avoir opté pour les pancartes au lieu des banderoles, difficiles à transporter. Un tour au siège de la Snapap, des banderoles faites avec des moyens dérisoires, lutte syndicale oblige, sont déjà prêtes pour la marche. On peut y lire des slogans tels que «Non à la corruption, non à l'injustice». Au siège de la Ligue de défense des droits de l'homme, des réunions techniques sont organisées avec les différents partenaires afin d'adopter une stratégie adéquate le jour de la marche. «Nous étudions tous les scénarios possibles, le comportement à adopter face au déploiement des forces de sécurité, l'encadrement des marcheurs et d'autres aspects que nous ne pourrions pas rendre publics», indique un militant en arguant que «dans toutes les marches, il y a des choses discrètes sur l'organisation sur lesquelles on ne communique jamais». Sérénité Les organisateurs porteront un accoutrement spécifique afin d'encadrer et diriger les manifestants et veiller à l'exécution du plan (ou les plans) décidé et discuté par les intervenants au sein de la coordination, cela dans le souci «d'assurer la sécurité et éviter tout débordement». Si pour l'instant, on ne sait pas de quelles couleurs seront ces t-shirt ou gilets, la raison est simple : «C'est pour éviter que des tiers ne puissent reproduire l'accoutrement choisit en vue de perturber le bon déroulement de la marche», nous explique un autre militant spécialisé dans l'encadrement des foules pendant les manifs publiques. Concernant l'hébergement des militants des autres wilayas qui arriveront la veille de la marche, des partis comme le RCD et le MDS, et des associations telles SOS disparus, Tharwa Lala Fatma n'Soumer et le Snapap ont proposé, lors de la dernière réunion technique, d'ouvrir leurs sièges aux manifestants. Toutes ces activités ne sont sans attirer le regard des services de sécurité qui scrutent et filment le moindre mouvement comme nous l'avons constaté lors de notre tournée. La Ligue de défense des droits de l'homme a commencé à distribuer des tracts appelant à la marche. Selon nos informations, les parties de l'Alliance présidentielle, dans une démarche opposée à celle de la coordination, distribuent actuellement des tracts et des t-shirt avec l'inscription «Non à la violence». Une démarche désespérée du pouvoir, selon Imad, pour avorter la marche et la diaboliser : «Comme si la presse alignée, les médias publics et le déploiement de la police ne leur suffisent pas ?» conclut-il.»