Après plusieurs jours d'incertitude, la présidence de la République a rendu public, hier après-midi, un bulletin, un peu plus détaillé sur l'état de santé du chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, admis en urgence, samedi 26 novembre, à l'hôpital du Val-de-Grâce de Paris. Le Pr Messaoud Zitouni, qui a accompagné le président de la République lors de son évacuation en France, a signé un bulletin médical, dans lequel il certifie que le premier magistrat du pays “s'est présenté à l'hôpital Aïn Naâdja d'Alger, le samedi 26 novembre, souffrant d'un syndrome hémorragique, dû à des troubles gastriques. Après examen et les premiers soins prodigués, les médecins ont recommandé son déplacement à l'étranger pour des examens plus approfondis”. Il a été alors transféré, dans l'urgence, vers l'hôpital du Val-de-Grâce, là où le président palestinien Yasser Arafat a passé un séjour de deux semaines — avant de rendre l'âme dans l'enceinte de la structure sanitaire, régie par les militaires — au début de l'année et où le président Chirac a été admis après son malaise cardiaque il y a quelques mois. “Les examens effectués dans cet établissement hospitalier ont révélé un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac. Une thérapeutique chirurgicale a été alors prescrite et pratiquée”, poursuit le praticien. Il s'est voulu, par la suite, très rassurant, en précisant que l'intervention chirurgicale “a été réalisée dans d'excellentes conditions médicales, tout comme la phase post-opératoire qui s'est déroulée de manière tout à fait satisfaisante (…) Les médecins ont prescrit une convalescence stricte et rigoureuse pour conforter la thérapeutique appliquée à Monsieur le président de la République”. Le Pr Zitouni confirme l'optimisme, affiché par le Chef du gouvernement, samedi dernier, sur les ondes de la Radio nationale. “Grâce à Dieu, Monsieur le président de la République va bien”, a déclaré Ahmed Ouyahia, en affirmant que “sa santé est loin d'être source d'une quelconque inquiétude et, qu'actuellement, il est en train de passer quelques jours de convalescence tout à fait normale”. Il a ajouté que “les pouvoirs publics n'ont aucune raison de cacher quoi que ce soit à notre peuple sur la santé de M. Bouteflika”. Le Chef du gouvernement montrait ainsi l'arbre qui cache la forêt, car les autorités algériennes ont, de tout temps, entouré de la plus grande opacité, les graves ennuis de santé des dirigeants du pays. Sur le transfert du chef de l'Etat en France, la présidence de la République s'est limitée à évoquer, en premier lieu, des “troubles digestifs”, ouvrant, de cette manière la voie aux plus folles spéculations. La rumeur a fait état d'un empoisonnement, d'une attaque cardiovasculaire, d'une nécrose de l'intestin… La rue a cru, un moment, au décès du Président Bouteflika, dont aucune image filmée n'a été diffusée depuis son hospitalisation. D'autant qu'aucune visite de personnalités françaises n'a été autorisée. Et puis, l'opinion publique nationale est échaudée aux plans machiavéliques des tenants du pouvoir qui dissimulent soigneusement la gravité de l'état de santé des hauts responsables de l'Etat, le temps de préparer à l'aise la succession. L'expérience de la mort du Président Houari Boumediene (décembre 1978) est édifiante. Celle de Mohamed Chérif Messadia, président du Conseil de la nation, ne l'est pas moins. Au moment où il était agonisant, les services de communication du Sénat annonçaient sa guérison. Sa mort est restée secrète pendant plusieurs jours, le temps que le ministre de l'Intérieur proclame les résultats officiels des élections législatives du 30 mai 2002. Souhila H.