Après avoir accueilli le président tunisien déchu, la monarchie saoudienne a soutenu le régime de Moubarak jusqu'à sa chute samedi dernier. Attentive au vent de révolte qui souffle sur le monde arabe, la monarchie wahhabite a soutenu jusqu'à leur chute les présidents Zine El Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, pour finir par se résigner à respecter la volonté de leurs peuples. Depuis la mi-janvier, le président tunisien Ben Ali et sa famille se trouvent en Arabie Saoudite qui leur a proposé de les recevoir, alors que les pays occidentaux ont refusé de les accueillir. Pourtant, le dictateur de Tunis a toujours été leur allié indéfectible. Les chancelleries occidentales n'ont pas hésité à geler ses avoirs et ceux de son entourage. Riyad a soutenu le régime de Moubarak jusqu'à sa chute, samedi dernier. En effet, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Fayçal, s'est déclaré «choqué», jeudi dernier à Rabat, des «ingérences de certains pays» dans les affaires de l'Egypte. «Nous sommes étonnés de voir ce que nous considérons comme des ingérences par certains pays dans les affaires intérieures de l'Egypte», a déclaré le ministre saoudien lors d'un point de presse commun avec son homologue marocain Taieb Fassi Firhi. Et de poursuivre : «Nous pensons qu'ils (les Egyptiens) peuvent résoudre leurs problèmes par eux-mêmes et nous sommes choqués de voir que certains pays devancent même les souhaits du peuple égyptien», sans nommer les pays mis en cause. Cependant, ces propos du prince Al Fayçal semblaient viser les Etats-Unis, suite à un entretien téléphonique du roi Abdallah avec le président américain, Barack Obama. «Nous espérons qu'on laissera (les Egyptiens) résoudre leurs problèmes. Ils sont plus que capables de le faire», a poursuivi le prince Al Fayçal. Il a également exprimé l'espoir que cela puisse se faire «pacifiquement afin que l'Egypte puisse retrouver son rôle très important, non seulement dans le monde arabe et islamique, mais aussi dans les affaires internationales car c'est un rôle qui ne peut être joué par aucun autre pays». Selon le Times de Londres, le roi saoudien aurait exprimé son «irritation» dans une conversation téléphonique avec Barack Obama, le 29 janvier, menaçant de financer le régime égyptien si les Etats-Unis retirent leur aide au pays. Le roi a aussi demandé à Washington de ne pas humilier le président Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, estimant qu'il devrait être autorisé à assurer la transition dans le pays, a ajouté le Times, citant une source haut placée à Riyad, confirmée par deux autres sources. Auparavant, le roi Abdallah avait exprimé sa solidarité avec le président Moubarak.Hier, un porte-parole officiel saoudien, à travers un communiqué rendu public par l'agence officielle SPA, a déclaré que Riyad se félicite de «la transition pacifique» en Egypte. «Le gouvernement saoudien accueille favorablement la transition pacifique du pouvoir en Egypte sœur», indique le communiqué. Ainsi, l'Arabie Saoudite «espère que les efforts des forces armées égyptiennes conduiront au rétablissement de la paix et de la stabilité en Egypte, en prélude à la formation d'un gouvernement national qui réalisera les aspirations du peuple égyptien». Un gouvernement qui devrait permettre à l'Egypte de «continuer à remplir son rôle historique sur les plans arabe, islamique et international». La vision de Riyad est claire. Parce que Moubarak n'a pas pu vaincre la détermination du peuple à le faire tomber, le royaume wahhabite ne peut que se résigner à la réalité historique dont les faits sont têtus. Avec cet espoir de tyran que ce qui est arrivé en Tunisie et en Egypte ne menacera pas cette espèce de paix par le glaive.