L'unique bureau de poste de Bachdjarrah a été saccagé pour la deuxième fois Hold-up à Bachdjarrah, agressions à main armée Alger-Centre, vols par effraction ou à la tire à Aïn Taya… il n'est plus un endroit qui soit épargné par les actes de violence. La petite délinquance prend de nouvelles formes : les jeunes semblent décidés désormais à agir en groupe. A Bachjarrah, ce sont pas moins de 10 individus qui ont attaqué, dans la matinée de dimanche, le bureau de poste. Encagoulés, munis de barres de fer et de gourdins, ces jeunes, venus du site des Orangers squatté la veille, ont agi sans être inquiétés. «Des jeunes, originaire de La Glacière, un quartier voisin, ont fait irruption dans le bureau qui venait à peine d'ouvrir. Leur forfait n'a pas duré plus de dix minutes. Juste le temps de forcer le coffre-fort et de repartir avec la somme de 96 millions de dinars et deux écrans. La sirène a été déclenchée, mais la police, dont le siège est situé pourtant à 500 mètres, n'est venue que bien plus tard. Les voleurs sont repartis à pied, sans être aucunement gênés», nous a indiqué une source au niveau de la direction de la poste, qui affirme que des employés ont été malmenés ; l'un d'entre eux a été blessé alors que cinq autres, sous le choc, ont été hospitalisés. L'unique bureau de poste de Bachdjarrah et de toute cette partie de la ville a été attaquée pour la deuxième fois sans que les autorités n'aient décidé de renforcer la sécurité, se désolent des riverains. Hier, un camion de la police était visible à l'entrée du bureau de poste fermé. «La poste a été complètement saccagée et une partie du mobilier pillé lors des derniers événements. Dimanche, des jeunes, profitant de l'engagement des policiers ailleurs, sont revenus à la charge dans ce même bureau. Pourtant, Bachdjarrah est entouré de quelque 12 postes de police et une caserne des CNS est même implantée au centre-ville. Tous n'y ont vu que du feu», relève, ahuri, un riverain de la cité Tennis, située en face de la station de bus, un endroit où se rassemble, assure-t-il, la «pègre» de la commune. Les résidants, agacés, craignent que les administrations soient «délocalisées». Sonelgaz, dont l'agence commerciale est située sur l'artère où se massent les vendeurs informels, a «fait sortir» ses véhicules. «En allant ce matin à l'agence, j'ai remarqué des agents en train de faire sortir les véhicules de service précipitamment. Même l'argent n'est pas gardé dans les caisses», nous indique un client, qui affirme que la commune est devenue, depuis plusieurs mois, une zone de non-droit. L'informel se réinstalle Le retour à l'informel, toléré par les autorités, semble faciliter grandement le travail des jeunes délinquants. «A Bachdjarrah, des jeunes activent dans l'informel, les rues sont toutes squattées. Difficile de s'y frayer un chemin. Même les policiers, qui ont reçu visiblement instruction de ne plus intervenir, ont des difficultés pour aller d'un point à un autre de la ville. Le partage des rôles entre jeunes est terrible. Certains vendent des babioles et d'autres s'en prennent à des gens paisibles, surtout des femmes. J'ai vu de mes propres yeux une dame molestée par un enfant d'à peine 12 ans», s'indigne un habitant de la cité des Eucalyptus, qui relève que «les jeunes braqueurs, une fois leur besogne accomplie, disparaissent dans la foule compacte de vendeurs à la sauvette qui ne se ‘‘sauvent'' plus». A la direction d'Algérie Poste, on nous a affirmé que le bureau sera fermé pour un temps. «Une nouvelle poste ouvrira à Bourouba à partir de jeudi, le temps de réaménager celle de Bachdjarrah saccagée», relève-t-on, en affirmant que des jeunes ont été arrêtés et qu'un écran a été récupéré. «La somme n'a visiblement pas encore été récupérée», nous assure-t-on. Des zones de non-droit se créent à travers certains quartiers d'Alger, comme c'est le cas à la Carrière, Oued Koreich ou aux Grands-Vents, à Ouled Fayet, où des jeunes s'organisent pour mener des «actions punitives» dans les quartiers alentour. «Si les autorités n'agissent pas, nous ferons justice nous-mêmes», assurent des habitants de Bachdjarrah.