Seule une commission d'enquête indépendante est à même de mettre en lumière les dépassements constatés dans le recrutement de jeunes en proie à l'exclusion et à la marginalisation. L'association nationale pour la promotion de l'emploi (ANDPE) appelle à une enquête indépendante sur la gestion du dossier de l'emploi à Sidi Bel Abbès. Dans un rapport détaillé - dont une copie à été remise à notre rédaction -, sur les nombreux passe-droits «érigés en mode de gestion du secteur de l'emploi», l'association appelle également «à la mise en place de procédures transparentes dans le recrutement des nouveaux diplômés». «De nombreux projets, initiés localement par les pouvoirs publics, sont à l'arrêt, réduisant, du coup, les opportunités d'embauche», souligne Yakrou Yahia, responsable du bureau de wilaya de l'ANDPE. Décrivant les conditions auxquelles sont confrontés les primo-demandeurs d'emplois, le représentant de l'ANDPE ne manque pas de mettre à l'index les élus locaux, «en rupture totale avec les aspirations des jeunes chômeurs», affirme-t-il. «Un grand nombre d'élus, de connivence avec des responsables administratifs, n'hésitent pas à garder le silence face à des procédés répréhensibles en contrepartie de postes pour leurs proches», dénonce-t-il, rappelant que la politique de l'emploi, au niveau local, demeure encore otage de dispositifs qu'il qualifie de précaires. Des estimations citées par l'association relèvent que les postes de travail qu'offrent les différents secteurs d'activité sont insuffisants pour absorber le chômage endémique qui sévit dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Par ailleurs, le responsable local de l'ANDPE considère que le système d'information mis en place en direction des chômeurs est «carrément obsolète». «Les avis de recrutement ne sont portés que tardivement à la connaissance des demandeurs d'emploi et, ce, dans les meilleurs des cas. Généralement, pour faire profiter leurs proches et connaissances, les employeurs font pratiquement de la rétention d'information, ce qui est encore plus grave», relève Yakrou avec amertume. Il évoque, à ce propos, la récente opération lancée pour le recrutement d'agents d'administration au niveau d'un centre de santé, au chef-lieu de la wilaya: «L'affichage de l'avis d'embauche a été effectué dans une structure…. en cours de construction. C'est aberrant!» Pour lui, seule une commission d'enquête indépendante est à même de faire la lumière sur les dépassements constatés dans le recrutement de jeunes en proie à l'exclusion et à la marginalisation.