Avec l'annonce d'un important sit-in de trois jours à compter du 24 février, le mouvement de protestation semble se diriger vers le durcissement. Le vide syndical qui dure depuis des mois à l'union de wilaya de Constantine de l'UGTA, a finalement poussé la base à la rébellion. Invités, jeudi dernier, à assurer la couverture d'une assemblée des sections syndicales, les représentants de la presse ont assisté à des scènes de bagarres rangées avec échange de propos injurieux sur le «ring» du hall de la maison des syndicats de la rue Amar Chitour, devant le regard ébahi des passants. Il a fallu de dures empoignades engagées par les éléments rebelles aux responsables des unions locales, qualifiés de dinosaures de l'UGTA, pour que les portes de la salle des réunions soient ouvertes. «Nous ne voulons plus de ces retraités qui ne représentent qu'eux-mêmes et ne servent que leurs propres intérêts, nous voulons de vrais représentants des travailleurs qui seront choisis par les urnes», annoncent d'emblée des syndicalistes survoltés. La crise qui couve depuis des mois à l'union de wilaya de l'UGTA, après les luttes de clans entre les anciens responsables, dont le mandat est arrivé à terme, et certains cercles de commande à la centrale syndicale, a poussé la base syndicale locale à mener à sa manière un véritable mouvement de rébellion, avec pour principal objectif de donner un sérieux coup de balai dans la maison. Lors de cette rencontre houleuse ayant rassemblé les représentants d'une soixantaine de sections syndicales, c'est le linge sale de l'UGTA de la ville du défunt Abdelhak Benhamouda qui a été étalé en public. Trafic d'influence, détournement de biens publics, favoritisme, affairisme, falsification de P.-V. d'installation de sections syndicales non élues, complots envers les représentants des travailleurs et autres griefs ont été retenus contre des responsables des unions locales traités de tous les maux par des syndicalistes qui n'ont pas trouvé meilleure occasion pour déballer leurs sacs. Tirs à boulets rouges sur la centrale syndicale «Nous en avons marre de ces barons qui se sont servis de l'UGTA pour traiter leurs affaires, sinon comment expliquer qu'un vieux retraité continue de régner sur le syndicat comme un roi indétrônable», dénoncent certains présents qui ne sont pas allés de main morte pour fustiger l'attitude de la centrale syndicale, laquelle a encouragé le pourrissement par la désignation, d'une manière illégale, d'une commission activant dans des circonstances douteuses pour installer des sections, loin des urnes. D'autres sont allés jusqu'à accuser ouvertement Salah Djenouhat, secrétaire national à la centrale syndicale, d'être le principal instigateur de cette cabale contre l'UGTA à Constantine. Cette dernière a été carrément écartée de tous les congrès des fédérations tenus, ces derniers mois, du fait de l'absence de représentants locaux élus, en raison de la vacation de tous les postes après l'expiration des mandats des sections syndicales et celui de l'union de wilaya ainsi que la non-tenue d'élections jusqu'à ce jour. C'est dans ce contexte qu'un groupe de syndicalistes, réunis il y a une semaine, a décidé de convoquer toutes les sections pour une assemblée qui devra décider de leur sort. A travers un communiqué adopté à l'unanimité, un appel pressant à été lancé à la centrale syndicale pour trouver une solution urgente à la situation de l'union de wilaya de Constantine en organisant le congrès de wilaya dans les meilleurs délais et en annulant toutes les mission confiées à la commission installée, il y a dix mois, et qui n'a fait qu'accentuer la crise. «Nous tenons la centrale comme responsable de tout dérapage qui pourra survenir à Constantine, car l'union de wilaya est sur un véritable volcan», martèlera un intervenant. En somme, la colère ne cesse de monter au siège de la rue Chitour, où le mot d'ordre a été donné pour la tenue, jeudi prochain, d'un important sit-in de trois jours. Une date fort symbolique, puisqu'elle coïncide avec les festivités du 24 février, anniversaire de la création de l'UGTA. Un message fort adressé surtout à Sidi Saïd et tous les décideurs de la centrale syndicale.