Avec quelque 140 000 camélidés, l'Algérie est respectivement classée au 18e rang mondial et au 8e rang du monde arabe. L'élevage camelin, l'un des piliers des économies steppique et saharienne, éprouve de nombreuses contraintes qui représentent une menace pour la diversité génétique locale. L'effectif camelin national a en effet connu une nette régression durant la dernière décennie. Estimée à 140 000 têtes uniquement, 20 000 de moins qu'il y a dix ans, cette espèce rustique subit les pires sévices dus aux accidents de la route et à l'envasement dans les bourbiers pétroliers, ceci quand elle échappe à la soif, aux abattages incontrôlés et aux exportations clandestines. Symbole de l'endurance, notre dromadaire national a perdu sa fonction traditionnelle suite à la mécanisation des transports et à la sédentarisation des populations sahariennes. Les spécialistes parlent surtout d'un laisser-aller politique dû à l'orientation et à l'adaptation de l'élevage vers les nouvelles activités de production de viande. Ainsi, ni la chair cameline réputée pour être saine, parfumée et light mais également tous les sous-produits du chameau ne bénéficient d'aucune valorisation. Leur consommation se réduit aux zones d'élevage. Trois principales zones d'élevage camelin sont localisées en Algérie : le Sud-Est, l'extrême Sud et le Sud-Ouest avec respectivement 52,30 et 18% de l'effectif total. La zone potentielle se trouve au Sud-Est et au Sahara central avec quelque 32 000 têtes réparties entre El Oued et Biskra et à un degré moindre les wilayas de M'sila, Tébessa, Batna et Khenchela, en plus de 27 000 têtes au centre du Sahara qui englobe Ouargla, Ghardaïa, Laghouat et Djelfa. Vient ensuite l'extrême Sud qui, avec 34 000 têtes, englobe Tamanrasset, Illizi et le sud d'Adrar. Au Sud-Ouest, près de 21 000 têtes sont recensées à Béchar, Tindouf, le nord d'Adrar, Naâma et El Bayadh. L'effectif camelin national appartient à deux grands groupes génétiques : le chaâmbi et le targui (méhari). Ils comptent huit sous-types inventoriés : le reguibi, sahraoui, chameau de l'Aftouh, Ajjer, Aït Kebbach, Ouled Sidi Cheikh et chameau de la steppe. L'espèce algérienne se caractérise par diverses variantes de taille et de pelage. Il s'agit généralement de races fortement croisées avec le dromadaire arabe. Mais au-delà de la donne génétique, le principal point commun demeure une forte régression de l'effectif et un déclin remarqué de certains sous-types, tels que le chameau de la steppe rencontré à la limite de la steppe et du Sahara ainsi que l'Oued Sidi Cheikh répandus jadis dans le Sud oranais et remplacés par le type sahraoui. Le chaâmbi et le targui sont de loin les types les plus robustes et les plus prisés. Excellent méhari, animal de selle par excellence, le second est souvent recherché au Sahara comme reproducteur. Les contraintes alimentaires et de gestion des parcours sont posées avec acuité par les représentants des éleveurs. En zone pastorale, les sécheresses, successives, le surpâturage localisé et le maillage inadéquat des points d'eau ont entraîné une diminution tant qualitative que quantitative des ressources fourragères disponibles. L'augmentation des puits de parcours ces dernières années n'a pas réglé le problème de l'abreuvement des troupeaux. La mort sur les routes, à cause de l'excès de vitesse ou par enlisement dans les bourbiers pétroliers abandonnés en l'état par Sonatrach, est devenue un phénomène habituel. Chaque jour apporte sont lot de victimes humaines et camelines sur les parcours. De même, la faiblesse de l'organisation des éleveurs et le transfert illicite vers les pays limitrophes contribuent à rendre difficile toute relance de l'élevage. La déficience de la surveillance sanitaire et l'imperfection du circuit d'approvisionnement en produits pharmaceutiques et zootechniques dans des zones pastorales lointaines et inaccessibles sans une motorisation adaptée des services vétérinaires au niveau des directions des services agricoles. Les contraintes institutionnelles et financières restent de loin les plus difficiles. L'inexistence d'une politique de développement spécifique à l'élevage camelin, l'inefficacité de l'encadrement et du financement du secteur. L'avantage est l'expérience de l'université algérienne qui tend à renforcer les études sur le terrain. Les centres de sélection génétique et ceux mobiles de multiplication du camelin lancés dans la zone du Hoggar depuis 1998 sont un atout de taille pour la préservation et l'amélioration de l'espèce assortie d'une tendance à la maîtrise plus ou moins parfaite des pathologies dévastatrices à travers les campagnes annuelles de vaccination. Le dromadaire, animal de providence du Sahara, supporte facilement que la température de son cœur passe de 41C° le jour à 34° la nuit. Il offre plus de 450 kg de viande pour l'adulte, alors qu'à sa naissance, après treize mois de gestation, un chamelon pèse à peine 30 kg.