En réaction à la suspension, samedi dernier, du SG du syndicat des Douanes, Ahmed Badaoui, par le DG des Douanes, Sid Ali Lebib, une journée de protestation sera observée, aujourd'hui, par les syndicats des Douanes, l'Epeal d'Alger, la Cnan, l'Entmv, Nashco, la BEA, la BDL et l'Union de wilaya de Béjaïa (UGTA). C'est la décision à laquelle ont conclu, hier, à la Maison de la presse Tahar Djaout, les responsables des syndicats de la Coordination des entreprises portuaires avec en tête M. Badaoui, lors d'une conférence de presse. Suite de la page 1 Ainsi, 1300 travailleurs dans la zone portuaire et 2300 au sein de la Cnan vont rendre le trafic des marchandises et le déplacement des voyageurs quasiment impossibles. « ça sera un gel presque total aussi bien de l'activité commercial que du transport des voyageurs », prévoit un syndicaliste du port d'Alger. Pour sa part, Ahmed Badaoui, écumant de colère, a relevé que M. Lebib a violé, dans sa décision de suspension, les dispositions 90/14 et 53-54 qui protègent l'activité syndicale. « Lebib a remis en cause un fondement de la Constitution », tient-il à déplorer en ajoutant que le plus inquiétant encore, c'est le feu vert que M. Lebib a arraché à l'UGTA. Plus explicite, le SG du Syndicat des Douanes avoue que le parti RND tente d'accaparer la centrale syndicale. « Nous refusons toute chapelle politique d'où qu'elle vienne », martèle le conférencier. Pourtant, a-t-il révélé, le SG de l'UGTA, Sidi Saïd, a dénoncé sans retenue la décision de M. Lebib et exprimé sa disponibilité à prendre en charge le cas de cette suspension. M. Badaoui ajoute que cela n'est que la conséquence de la naissance de la Coordination des syndicats des entreprises portuaires. « 50 ans barakat » L'ensemble des intervenants, hier, ont qualifié le mode de gestion de l'UGTA de « stalinien » et de « structure d'accompagnement des réformes ». Pour ce cadre du syndicat du port d'Alger, « le mal ayant contaminé la base, il faut une coalition avec les autres syndicats », en concluant que le problème réside dans les visions et non dans les personnes. « On doit faire face aux conséquences socio-économiques de l'économie de marché et les compressions des effectifs », a-t-il ajouté. Un représentant de l'union de la wilaya d'Alger avoue que la commission exécutive ne s'est pas réunie depuis la tenue du congrès du 30 mars 1997, et que les adhérents ignorent tout du patrimoine de l'union de wilaya. « Chaque kasma a en face d'elle une union de travailleurs. Certaines unions de wilaya vont jusqu'à financer des partis politiques », a-t-il déclaré. M. Badaoui, reprenant la parole, a déclaré constater « un rétrécissement grave des espaces syndicaux ». « Toutes les structures de l'UGTA sont défaillantes », dira-t-il avec une verve ferme, en affirmant que la coordination naissante ne demande ni responsabilité ni intérêt. « Notre seul souci, c'est de résoudre les problèmes des travailleurs. » « 50 ans barakat », crie l'orateur. « Le Pouvoir est devenu néolibéral et prend parfois des décisions à l'encontre même du privé », ajoute-il en précisant que s'il y a une reconfiguration à l'UGTA, les unions de wilaya et les unions locales auront toujours leur place. Le conférencier propose également de réorganiser les fédérations pour qu'elles accomplissent leur tâche en faveur des travailleurs. Il indique, aussi, que la création de cette coordination n'a aucune intention sur la tenue du 11e congrès de la Centrale syndicale. Un représentant de la fédération de la métallurgie, exprimant sa solidarité avec M. Badaoui, a proposé d'aller carrément vers une conférence nationale. « Il faut dissocier l'UGTA du Pouvoir », a-t-il conclu. Avec ce passage à l'action, le creux va-t-il s'élargir entre la coordination des syndicats et l'UGTA ?