La capitale est sous les feux des projecteurs des médias étrangers. Une quarantaine en tout couvre la deuxième marche de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD). Un déploiement impressionnant de régiments surarmés de CNS encerclent Alger depuis plusieurs semaines. Les yeux du monde, de nouveau, rivés sur Alger, suspendus à son potentiel révolutionnaire.Une marche pacifique aux allures de «quitte ou double» vertigineux s'ébranlera aujourd'hui, place du 1er Mai à Alger (à 10h) vers la place des Martyrs. Sous haute tension.Sous les feux des projecteurs des médias étrangers, une quarantaine en tout, qui couvrent la deuxième marche en moins d'une semaine de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD). L'épreuve de force entre un régime monolithique avançant en rangs serrés et une opposition diffuse et éparse s'annonce des plus incertaines. Périlleuse même. Et pour cause ! Le déploiement impressionnant de régiments surarmés de CRS encerclant la capitale depuis plusieurs semaines, la propagande du «pouvoir», tournant à plein régime n'augure rien de bien réjouissant. Jeudi, à la veille de la marche, certains canards déchaînés de la presse pro-baltaguias n'ont pas hésité à relayer des appels de lynchage de manifestants et autres attitudes grégaires. Les enjeux sont énormes. De l'issue de la marche d'aujourd'hui dépendra non seulement l'avenir de la CNCD mais aussi et surtout déterminera le devenir de la dynamique (jusque-là) pacifique pour le «changement de système», pour la démocratie et la «justice sociale», amorcée dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne.Hier, lors de la dernière réunion «technique» de la CNCD, on affichait résolument ses «bons espoirs», sans baigner pour autant dans un trop plein d'illusions. Samir Larabi, porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs dit espérer que la mobilisation soit «meilleure» que celle observée lors de la marche avortée du 12 février dernier et un «effet d'entraînement» qui imposera de lui-même le «changement». Les membres de la CNCD anticipent tous les scénarios possibles et imaginables avec une pointe inavouable de scepticisme. De l'humour aussi. «La marche de demain (aujourd'hui) est déjà un succès dès lors qu'elle a réussi à faire sortir dans les rues de la capitale et avant l'heure 30 000 Algériens habillés en bleu», affirme Amine Menadi, du Collectif Algérie Pacifique dans une allusion au nombre de CRS mobilisés pour réprimer la marche. Le «retard à l'allumage» qui caractérise la «rue» algérienne ne décourage pas outre mesure les animateurs de la CNCD : ces derniers misent sur la «spontanéité» des jeunes Algériens, «seuls véritables acteurs du changement». Sur l'éclosion des collectifs autonomes. «Même si nous n'avons pas su travailler dans le sens d'une meilleure mobilisation, nous avons quand même de l'espoir», répond le syndicaliste Idir Achour, porte-parole de la Coordination des lycées d'Algérie. Les soulèvements populaires au Bahreïn, au Yémen et tout récemment en Libye exhortent, selon lui, les Algériens à aller de l'avant. «Et ce, en dépit, ajoute-t-il, de la propagande officielle ; du travail de sape des services de sécurité qui ont fait du porte-à-porte pour dissuader les Algériens de se joindre au mouvement. Nous avons quand même bon espoir : surtout que maintenant ce ne sont désormais plus les structures politiques classiques qui sont en tête du mouvement, mais ce sont bien les mouvements de jeunes ; des étudiants qui viennent de rejoindre la coordination, les chômeurs, les cadres…» Yacine Zaïd, syndicaliste, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), abonde lui aussi dans le même sens. Il table sur la «spontanéité» de la jeunesse algérienne. «Ce sont les jeunes qui trancheront. Et lorsque les jeunes se mettront en mouvement, et ils le feront avec ou en dehors de cette coordination, aujourd'hui ou demain, le régime réalisera alors toute la vanité de son arsenal répressif et regrettera d'avoir interdit et réprimé des marches pacifiques.» La marche du 19 février, une fin en soi ? Non, rétorque le député RCD Tahar Besbès. «Ce n'est qu'une étape, dit-il, du long combat pour le changement et la démocratie». Le député, membre de la CNCD se dit «optimiste quant à l'adhésion massive des Algériens. La dynamique du 12 février est en marche. Elle crée déjà l'effet boule de neige et suscite l'engouement populaire».