La coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) est déterminée, à braver l'interdit, à battre le pavé aujourd'hui dans la capitale pour réclamer «le départ du système». Dans une déclaration au «Quotidien d'Oran», le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), Mustapha Bouchachi a affirmé hier que la marche est maintenue et que «les Algériens feront tout pour que cette marche soit pacifique». «Les Algériens ont pris conscience qu'ils peuvent militer pacifiquement pour changer le système», nous dira le président de la LADDH qui souligne que le but de la marche est entre autres «la levée de l'état d'urgence effective et immédiate». «Le monde change et les Algériens ont ras-le-bol de ce système» ajoute Bouchachi pour qui la date du 12 février n'est que le début de la contestation populaire. Concernant le dispositif mis en place pour empêcher la marche d'aujourd'hui, le responsable de la LADDH soutient que ce dispositif démontre que le régime refuse que les citoyens s'expriment pacifiquement. «Le dispositif aurait pu être déployé pour encadrer les marcheurs», poursuit Bouchachi qui dénonce «l'entêtement du régime et du système». Des milliers de policiers étaient déjà déployés hier à travers certains points de la capitale. Selon des sources sécuritaires quelque 20.000 policiers ont été réquisitionnés pour faire face à la manifestation à laquelle a appelé la CNCD. Des dizaines de fourgons et des véhicules blindés de la police ont pris position, hier dès les premières heures de la matinée, dans plusieurs endroits et devant plusieurs institutions de l'Etat. C'est le cas notamment au marché Ali Mellah, à proximité du rond- point de la place du 1er Mai d'où devrait démarrer la marche d'aujourd'hui. Une file impressionnante de véhicules, de 4X4, de bus remplis de policiers sont garés tout au long de la rue qui donne directement sur la place du 1er Mai. Le même dispositif est visible à travers toute la capitale. Les accès, vers la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères sont complètement bouclés. La police veille au grain et est sur le «qui-vive». Sur l'autoroute, tous les barrages sans exception, ont été renforcés. Les bus transportant des voyageurs sont systématiquement arrêtés pour vérifier l'identité des passagers. Au barrage des «bananiers» sur l'autoroute, un policier en civil muni d'une caméra filme sans arrêt les automobilistes. En fait des policiers et des CNS ont été déployés dès hier à travers toute la capitale alors que des barrages filtrants procédaient dès la nuit de jeudi à une vérification stricte des véhicules suspectés transporter des manifestants. Tout a été mis en place pour empêcher les manifestants de battre le pavé à travers les artères de la capitale. Une source sécuritaire nous a affirmé que le dispositif mis en place vise à faire face aux éventuels casseurs et voleurs qui profiteraient de cet événement pour s'adonner à des actes de pillage et de violence. Reste à savoir maintenant si la CNCD parviendra à organiser sa marche malgré l'interdiction et surtout combien de personnes pourront se rendre à la place du 1er Mai et quelle sera la tournure que vont prendre les événements en ce 12 février ? La coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) sera confrontée aujourd'hui à un véritable «test de vérité». Ce qui va se passer ce samedi sera déterminant dans la vie de cette coordination qui reste minée par des «tiraillements» pour cause de divergences profondes entre les animateurs du mouvement.