Ils étaient 111 vacataires de l'EHS psychiatrique Errazi de Annaba à débrayer hier pour dénoncer leur situation socioprofessionnelle et ce qu'ils qualifient d'exploitation humaine. Affectés dans leur totalité à différentes tâches d'entretien, avec un régime de 5 heures/jour, ils se disent exploités sous forme d'heures supplémentaires, avec un salaire dépassant rarement les 6000 DA/mois. «Je travaille dans cet établissement depuis 16 ans dont cinq dans l'emploi de jeunes. Initialement, j'ai été recruté pour faire 5 heures par jour. J'en fais au moins le double, sans pour autant bénéficier d'aucun avantage. Et si je réclame mes droits, on me brandit la menace de ne pas reconduire mon contrat. Halte à la hogra, nous travaillons dans un établissement public, et le directeur n'est qu'un employé comme nous tous. Nous allons maintenir notre mouvement de protestation jusqu'à satisfaction de nos revendications, dont le départ du directeur qui a déjà des démêlés avec la justice», menace l'un des plus anciens vacataires, entouré de ses collègues dans l'enceinte même de l'EHS. En effet, dans une lettre adressée à l'inspection du Travail et signée par l'ensemble des vacataires protestataires, il est écrit : «Nous effectuons quotidiennement 11 heures de travail. Parmi nous, il y a certains qui sont affectés au service des malades psychiatriques, ce qui est contraire à la réglementation régissant ces établissements spécialisés. Nous suppléons aux missions des infirmiers spécialisés qui sont qualifiés pour ce travail. Ils nous lèguent leur mission et ce sont les vacataires qui les remplacent pour s'occuper des malades mentaux avec tous les risques que cela peut engendrer. Vous pouvez vérifier par vous-même que la plupart des services de l'EHS Errazi sont assurés par les vacataires qui n'ont ni formation ni qualification, et encore moins l'expérience dans le domaine de la prise en charge des patients.» Contacté, M. Djouamaâ, directeur de l'EHS Errazi, qui a reconnu un important déficit en matière d'effectif, a déclaré : «J'ai tenu une réunion avec les vacataires protestataires et je leur ai expliqué que je ne peux pas les faire passer au régime des 8 heures, sinon j'outrepasse la réglementation en vigueur. Je ne peux qu'affecter ces employés aux travaux de nettoyage et de manutention, car l'établissement accuse un déficit important en la matière. Annuellement, j'avise ma tutelle du manque en agents paramédicaux, en médecins spécialistes, en informaticiens, sans pour autant avoir l'aval pour les recruter. D'ailleurs, nous trichons en affectant des informaticiens recrutés dans ce cadre en tant que vacataires au niveau de l'administration en leur faisant bénéficier du statut normal, c'est-à-dire des week-ends et des congés annuels.»