Déjà peu reluisant au regard des classements internationaux, le climat des affaires s'est à nouveau assombri avec les incertitudes liées à l'ébullition des fronts politique et social et à la déferlante de révoltes populaires qui ébranlent de nombreux pays partageant avec l'Algérie le malheur d'être dirigés par des régimes autoritaires. L'instabilité juridique, instaurée par la loi de finances complémentaire pour l'année 2009 et certains articles des lois de finances des années suivantes, avait déjà porté un coup fatal à l'investissement aussi bien national qu'étranger, mais également au fonctionnement des unités de production existantes, subitement contraintes de changer leurs modes habituels de financement des matières premières, pour en adopter qu'un seul et unique mode, en l'occurrence le crédit documentaire qu'elles ne maîtrisaient pas et qui, de surcroît, ruine leurs trésoreries.« A quoi cela servirait il d'investir dans un pays où le promoteur n'a même pas le droit de choisir le mode de financement qui convient le mieux à son affaire, parce suspecté d'avance d'être un tricheur potentiel ?», nous a déclaré un industriel installé dans la zone industrielle de Rouiba, qui a depuis quelques mois décidé de mettre en veilleuse son usine et tente de compenser ses pertes en se rabattant sur l'importation de produits de consommation. Ils sont nombreux à s'être rendus à cette évidence, en faisant valoir le climat d'incertitude qui s'est subitement abattu sur les quelques industriels que compte le pays, depuis que le président Bouteflika avait jugé un certain mois d'août 2009 qu'il s'était trompé de politique économique et a décidé de remettre en cause un processus de réformes engagé il y a plus de vingt ans. Les investisseurs étrangers sont expressément sommés de se faire accompagner par un homme d'affaires algérien qui détiendrait obligatoirement plus de 50% du capital du projet, les privatisations d'entreprises publiques stoppées net en les rendant plus compliquées et inintéressantes au regard des éventuels acquéreurs, l'autonomie des gestion des entreprises publique et privée est pratiquement abolie, notamment, avec l'imposition par l'Etat d'un seul mode de financement des importations sans aucune autres possibilité de choix pour les patrons d'entreprises. «Comment voulez-vous investir dans de telles conditions», nous a affirmé, sous couvert de l'anonymat, un cimentier étranger embourbé dans d'inextricables problèmes bureaucratiques et soumis à toutes sortes d'embûches depuis qu'il est aux commandes d'une cimenterie récemment privatisée ? Toutes les dérives bureaucratiques de l'administration algériennes sont évidemment portées à la connaissance des investisseurs étrangers par leurs ambassades et la presse spécialisée qui, légitimement, hésitent à s'aventurer sur ce terrain et se rabattent sur d'autres pays, où le climat des affaires est autrement plus incitatif. Immobilisme économique De nombreux investisseurs étrangers ont pourtant fait l'effort d'attendre une éventuelle remise en cause de ce dispositif qui n'a au bout du compte rien apporté de positif au pays, puisque les importations n'ont pas cessé d'augmenter (près de 50 milliards de dollars en 2010), que les IDE sont réduits à la portion congrue et que le privé national n'investit pratiquement plus dans le productif. Aucune démarche gouvernementale, pas même un discours politique susceptible de les rassurer n'a été initié par nos gouvernants, les investisseurs ont pratiquement tous choisi la voie de l'attentisme si ce n'est carrément le renoncement total à investir dans notre pays. Il est bien évident que cet immobilisme économique sciemment provoqué par nos gouvernants aura de bien fâcheuses répercussions sur la croissance économique et, par conséquent, le chômage qui continuera faute d'investissements nouveaux à augmenter. Les investissements publics soutenus par d'importants budgets de l'Etat ne pourront même pas colmater la brèche, du fait que de très nombreux projets, notamment industriels, n'arrivent pas à être concrétisés dans les délais impartis du fait de la complexité des procédures de financement et autres lourdeurs administratives. La machine économique algérienne est de ce fait irrémédiablement bloquée avec tous les périls que l'insuffisance d'investissement productifs fait encourir à l'avenir du pays.