La Banque nationale d'Algérie (BNA) est gérée, depuis la fin de la semaine dernière, par un directeur général par intérim. Il s'agit de M. Khelili. Celui-ci remplace Seghir Benbouzid qui a été fraîchement désigné directeur général de la Banque algérienne du commerce extérieur (BACE), dont le siège est basé à Zurich en Suisse. Une banque dans laquelle il a déjà eu à occuper, en sa qualité de PDG de la BNA, le poste de président du conseil d'administration (PCA). M. Benbouzid a, rappelle-t-on, été nommé PDG de la BNA en 2005. Avant cette date, il a exercé les fonctions de directeur du crédit et de secrétaire général au sein de la même institution financière. Le capital de la BACE est détenu à parts égales par la BNA et la Banque algérienne de développement (BAD). Dans les faits, la gestion de cette banque créée en 1981 – et qui a pour habitude de travailler avec les grandes entreprises algériennes comme Sonatrach – est, ces dernières années, plus revenue à la BNA qu'à la BAD. Selon nos sources, la décision de nommer M. Khelili au poste de DG de la BNA, a été prise par le conseil d'administration de la banque qui s'est réuni le 14 février. Une décision «entérinée» par le ministère des Finances lors de l'assemblée générale ordinaire (AGO) de la BNA qui a eu lieu trois jours plus tard, soit le 17 février. Sans pour autant remettre en cause les compétences de M. Khelili, les observateurs font tout de même remarquer que le choix de placer un DG par intérim à la tête de la BNA ne peut que répondre à une mesure d'urgence. Dans le cas précis, le véritable pouvoir au sein de la banque sera détenu par le président du conseil d'administration (PCA). L'identité de celui-ci devrait, selon nos sources, être connue avant la fin de la semaine. L'éclatement de l'affaire dite des placements des avoirs de Sonatrach à l'étranger a eu pour effet de mettre la BACE au-devant de la scène dans la mesure où l'on reproche à cette institution de ne pas avoir alerté le gouvernement lorsque l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait décidé, dès 2003, de placer quelque 3 milliards de dollars dans des fonds d'investissement américains après les avoir fait transiter au préalable par les caisses Rayan Asset Management, une «boîte» ouverte 6 mois auparavant par Farid Bedjaoui. Ce dernier n'est autre que le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères (lire à ce sujet l'article publié dans notre édition du 15 février 2011). Bien entendu personne ne parlera de Rayan Asset Management au moment des faits. Ce n'est pas tout. Pour tout le monde, l'argent confié à Russell devait rapporter uniquement 4% d'intérêt. En fait, il pouvait en rapporter 3 fois plus. Rayan Asset Management le démontre très bien puisqu'il a pu (re)placer les avoirs de Sonatrach dans le fonds américain sur la base d'un taux d'intérêt de 11% et en tirer ainsi de gracieux dividendes. Des dividendes qui auraient pu aller dans les caisses de l'Etat si l'argent de Sonatrach avait été placé directement chez Russel. Ces «placements» se sont, selon une source proche du dossier, étalés entre 2003 et 2009. Par ailleurs, contrairement à ce que déclare M. Khelil, ces placements n'ont pas généré que des profits. Dans le contexte de la crise financière internationale, certains se sont même révélés à haut risque. Preuve en est, 300 millions ont été perdus dans cette affaire qui est encore loin d'avoir révélé tous ses secrets. 300 millions de dollars qui manquent encore à l'appel et dont les banques hésitent encore à en parler.