Le charismatique imam chiite libanais, Moussa Sadr, disparu au cours d'une visite en Libye en 1978, a été assassiné et enterré dans ce pays, a affirmé dans une interview, hier, le représentant démissionnaire de la Libye auprès de la Ligue arabe. «L'imam Moussa Sadr a été tué lors de sa célèbre visite en Libye et enterré dans la région de Sebha dans le sud du pays», a affirmé Abdel Moneim al-Honi dans une interview au quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al Hayat. «On a demandé au pilote Najmeddine al Yaziji, alors en charge de piloter l'avion du (dirigeant libyen Mouammar) El Gueddafi, de transporter le corps de l'imam Sadr pour l'enterrer dans la région de Sebha», poursuit cet ex-membre du Conseil du commandement de la révolution libyenne. «Peu de temps après, al Yaziji a été lui-même liquidé par les renseignements libyens pour que l'affaire de l'assassinat de Sadr ne soit pas divulguée», ajoute-t-il. M. al-Honi avait annoncé dimanche qu'il démissionnait de son poste de représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe pour rejoindre «la révolution» et dénoncer la «violence contre les manifestants» anti-El Gueddafi dans son pays. L'imam Sadr avait insufflé à la communauté chiite libanaise une fierté et un élan qui la transformèrent d'une minorité pauvre et marginalisée en une force incontournable au Liban et dans la région. Invité officiellement en Libye, il y était arrivé le 25 août 1978 accompagné de son bras droit, cheikh Mohammad Yacoub, et du journaliste Abbas Badreddine. Il y avait été vu pour la dernière fois le 31 août 1978. Depuis, les trois hommes n'ont donné aucun signe de vie. Tripoli a toujours affirmé que l'imam avait quitté la Libye pour l'Italie, qui maintient que Moussa Sadr n'est jamais entré sur son territoire. En 2004, Rome avait cependant remis au Liban un passeport retrouvé en Italie et qui appartenait à l'imam. Mouammar El Gueddafi fait l'objet d'une inculpation et d'un mandat d'arrêt de la justice libanaise pour la disparition de cet imam.