Dans certaines formules, destinées à une classe aisée, des appartements, construits à la demande du client, sont cédés à des prix exorbitants. Si le logement social locatif (LSL) connaît une forte pression, et que le logement socio-participatif (LSP) se débat dans des problèmes de gestion des entreprises partenaires, celui promotionnel est, quant à lui, annonciateur d'une ère où la classe moyenne aura tendance à se perdre entre smicards et hauts responsables. Sur les 12 000 dossiers de logement qui croupissent depuis des années dans les sous-sols de la commune de Souk Ahras, des milliers de demandes ont été éliminées, de facto. Le barème de notation appliqué lors de l'étude des dossiers limite à 24 000 DA le salaire des postulants. Les citoyens habitant les maisons menaçant ruine, estimées à plus de 300, font partie de ces franges vulnérables en mal de plaidoyer pour leur relogement. Salaheddine Chaib, qui habite une maison vétuste à la rue Abdelaziz Kader, nous a ainsi parlé: «Je vis dans la promiscuité, dans une pièce qui risque à tout moment l'effondremen; ma demande n'est jamais sortie des oubliettes, et mon salaire ne dépasse pas les 12 000 DA.» Pour les familles expulsées par voie de justice, la situation est encore plus délicate. Depuis juillet 2008, Mohamed Boumessaâd, natif de Souk Ahras, vit à la belle étoile. Il n'a pas de tribu et il n'a jamais adhéré à un parti. «Ma femme est chez mes beaux-parents; mes filles, toutes des universitaires, ne quittent jamais le campus et moi je passe les trois mois d'hiver à l'hôtel, sinon c'est la rue durant les autres saisons», dit-il avec un sourire résigné. Du coup, ce sont des milliers de familles qui se rabattent sur la location ou sur les autres formules, le LSP entre autres. Des souscripteurs, dans la cadre de cette dernière option, attendent vainement la remise des clés, et ce depuis des années. Amara Hacène, Azzedine Bensaâdoun, et plusieurs autres citoyens, figurent sur la longue liste des familles qui attendent depuis 2006 une attribution perdue dans les dédales de la bureaucratie. «Nous sommes dans une situation des plus difficiles. Nous ne pouvons, après investissement et tant d'années d'attente, renoncer à nos logements qui peinent à dépasser un taux de réalisation de 10%», nous confie l'un d'eux. Le logement promotionnel, une autre formule préconisée dans le cadre de la lutte contre la crise du logement, est loin de provoquer l'euphorie chez les citoyens. Logement de classe Le logement promotionnel, tel que défini par Kamel Berrigue, président du bureau de wilaya de la confédération générale des opérateurs économiques algériens (CGOEA), diffère du LSP dans la superficie et le coût. «Toute unité qui dépasse une superficie de 70m2, et dont la valeur dépasse les 2 800 000 DA, est classée logement promotionnel », a-t-il déclaré. Cette formule destinée à une classe on ne peut plus aisée, ne tient compte que des lois de l'offre et de la demande. Des bâtisses érigées à la demande du client, sont cédées à des prix exorbitants. Nacer, un fonctionnaire moyen, dont le salaire mensuel avoisine les 30 000 DA, fait partie de cette majorité qui se trouve au beau milieu de ces trois formules. «Je ne peux prétendre à l'attribution d'un logement social à cause du salaire, élevé par rapport au barème de notation de la commission d'étude, et je ne peux me lancer dans l'aventure du LSP dont tout le monde connaît l'histoire», lance-t-il, avant de qualifier le logement promotionnel de «formules de classe destinées aux nantis et aux personnes à l'abri du besoin». De quoi sera fait l'avenir de ces milliers de gens à la lumière de ce que l'Etat promet ?