Imperceptible de la route, on ne peut imaginer qu'en s'enfonçant dans le bois attenant, on puisse tomber sur une caserne raflant une superficie de près d'un hectare. Conjugués à la beauté agreste et ensorcelante des criques des Aiguades, on détient là des atouts touristiques inestimables. Combien sont-ils les Bougiotes à ne pas ignorer l'existence du camp de la Marine ? Le site est situé pourtant à deux enjambées seulement de la route allant vers le Cap Carbon, ce dernier lieu connu et fréquenté pour toute la luxuriance et l'exotisme que la nature y a mis. Il faut dire que l'abandon total aux chardons et à la prédation a déclassé le camp, empêché sa vulgarisation et de ce fait se trouve exclu du capital culturel du citoyen.On appelle aussi l'endroit les Voûtes. Le nom a certainement pour origine la fortification creusée dans la montagne rocheuse. Imperceptible de la route, on ne peut imaginer qu'en s'enfonçant dans le bois attenant, on puisse tomber sur une caserne raflant une superficie de près d'un hectare. Seule la tourelle actuellement occupée par la police communale est visible de loin. Le reste est savamment dissimulé dans le relief par le génie militaire français. La caserne a servi de camp d'emprisonnement durant la guerre. Le quartier est composé de deux bâtiments communs, de deux bunkers surmontés de très larges buttes et, la curiosité des lieux, les voûtes creusées sur le flanc de la montagne. Un «U» auquel donne accès deux portes cadrées de la pierre bleue. Au fond sur l'une des deux extrémités de la galerie ouvragée, une chambrée de sept mètres sur quatre et à l'autre un réduit, sorte de cellule isolée. Des témoignages rapportent que durant la guerre de libération, la première pièce servait de lieu de détention des moudjahidine et la seconde de lieu de torture. Ce rappel de notre histoire donne des frissons mais nous sommes agréablement surpris de voir la température clémente qui y règne alors que dehors on grelotte sous les 10 degrés de ce vendredi. Nonobstant quelques fissurations sur les parois des galeries, le gros œuvre est assez bien conservé. Dehors, les murs des bâtiments, en pierre taillée, tiennent encore debout. Anonymat L'association de sauvegarde du site des Aiguades essaye tant bien que mal de réhabiliter et de sortir le camp de l'anonymat. M. Abdelmalek Djellouli, son président, nous fait savoir que si on peut au moins aujourd'hui poser les pieds sans risque et que l'air est respirable dans les voûtes, c'est grâce au volontariat abattu par les adhérents de l'association. Il aura fallu quatre mois de nettoyage pour débarrasser les lieux ouverts aux quatre vents des détritus et déblais. Sollicitée, l'APC a aussi contribué à la sécurisation du site par une pose de portails en fer. Mais c'est encore très peu devant l'ambition affichée par l'association. Une restauration du camp pure et simple. La charge historique et sa localisation dans le parc de Gouraya nourrissent cette ambition. Les enfants du CEM des frères Amrane, pour ne citer que cet exemple, découvrant les lieux lors d'une randonnée, ont été émerveillés. Alors pourquoi pas un lieu où, en même temps, se détendre et se retremper dans l'histoire de notre révolution ? Autrement dit, y ériger un musée, un snack, des boutiques souvenirs, un atelier artisanal qui sied à l'endroit,… M. Djellouli en fait la suggestion. Aux autorités d'afficher matériellement leur réponse. Le site des Aiguades regorge de repères archéologiques et historiques.Des grottes préhistoriques, l'ancienne route romaine, le port romain, des ruines antiques ; il a servi à la population repliée d'Andalousie d'y ériger leur cité,… Conjugués à la beauté agreste et ensorcelante des criques des Aiguades, on détient là des atouts touristiques inestimables.