Le secteur de la culture a connu récemment un changement de sa direction dans l'optique de relancer la vie culturelle locale. Tout au long de la dernière décennie, la culture dans la wilaya de Bouira n'a décidément pas encore trouvé son chemin, et ce, en dépit des politiques adoptées jusqu'ici et des budgets colossaux alloués pour la revigorer. Les efforts fournis en la matière n'ont pas donné en effet les fruits escomptés. Les responsables qui se sont succédé à la tête de ce secteur ont échoué dans leur mission, qui consistait à redonner à la culture toutes ses lettres de noblesse, du moins à l'échelle locale. C'est un constat que font aussi bien des artistes et des hommes de culture dans la région que le citoyen en général. Le patrimoine archéologique et historique de la wilaya en est le premier à faire l'objet de délaissement, alors que l'on a annoncé un programme de restauration et de réhabilitation. Pour écarter tout doute quant à la véracité de cet état de fait, il suffit d'une simple virée dans la ville historique de Sour El Ghozlane pour constater l'ampleur de la dégradation du patrimoine local. Un autre exemple ; dans la commune d'Ath Mansour, à l'est de Bouira, le bordj Omar, une vieille bâtisse qui servait de prison à l'époque coloniale, est également livrée à elle-même. Idem pour le site historique de Tachachit, dans la commune d'Al-Adjiba. Comme c'est le cas également du fort turc de la ville de Bouira où les travaux de réhabilitation n'avancent guère. De plus, et dans le même contexte, au niveau de plusieurs communes, comme Ridane, Mâamoura, Taguedit, Boukram, Zbarbar, etc. les enfants n'ont jamais vu un spectacle théâtral ou autre loisir ludique et culturel. C'est dire que toute la machine culturelle de la région s'effrite. Pour essayer de sauver ce qui reste de la culture à Bouira, le département de Khalida Toumi avait procédé récemment à un changement à la tête de la direction de wilaya de ce secteur. Ainsi, l'ancien responsable a été relevé de ses fonctions pour faire appel à celui en poste à Béjaïa. Parler de la littérature dans une wilaya comme Bouira, cela peut susciter plus d'étonnement que d'intérêt. Pour cause, il existe des écrivains, des poètes, des dramaturges et des artistes peintres, mais dont personne n'en entend parler. Un vrai désert culturel. Car beaucoup d'entre ces hommes de culture ont été tout bonnement isolés par les responsables du secteur. «Durant ces trois dernières années, la culture dans la wilaya a été brisée et la plupart des artistes sont marginalisés», dit Moumou Hamid, un poète, qui a à son actif plusieurs participations à travers de différentes régions d'Algérie, mais qui se retrouve actuellement parmi les artistes marginalisés. Aussi, pour que les choses reprennent dans le domaine culturel à Bouira, il faut que la nouvelle direction envisage à organiser plus de rencontres, de conférences et de festivités pour que les hommes de culture puissent s'exprimer. Les écrivains et les poètes attendent à ce que la nouvelle direction de la culture leur tende la main. «Nous aimerions aussi qu'elle œuvre pour que toute la famille des artistes, des poètes et des écrivains soit de nouveau réunie», espère le même poète. Comme Moumou, il y en a d'autres qui sont gagnés par l'amertume en raison de ce qui est advenu de la culture dans la wilaya. Concernant l'avenir culturel dans la région, notre interlocuteur garde toujours espoir. «Nous allons proposer des idées. Comme je souhaite aussi le retour au devant de la scène des grandes personnalités connues dans le monde de la culture», ajoute Djilali Amrani, qui compte lancer un club littéraire avec d'autres écrivains. Manifestement, le nouveau directeur de la culture aura du pain sur la planche. Un patrimoine historique et archéologique à réhabiliter, des centres culturels à animer, des associations à impliquer, des troupes théâtrales à financer et des hommes de culture à faire connaître.