Cette banlieue pourrait devenir un havre de paix eu égard à sa proximité avec la forêt de Djebel El Ouahch, à condition de promouvoir le travail des associations de quartier. Conçue dans les années 1970, cette mégacité, implantée sur des terres agricoles, en aval de Djebel El Ouahch, avait des prétentions de cité administrative «standing». Sa proximité avec la forêt, induisant un environnement sain, en avait fait un endroit plutôt coté en ces temps-là. Beaucoup y avaient effectué un échange de logement avec des attributaires, des fonctionnaires de tout bord, de la Protection civile, de la wilaya, de l'APC, de l'Ecotec (l'organisme constructeur de la cité), etc. Il faut dire qu'à l'époque, l'OPGI avait établi le loyer à partir de 350 DA/mois, ce qui était assez onéreux pour certains bénéficiaires, chefs de famille nombreuse, qui ont préféré aller ailleurs, à la cité Daksi (type économique), par exemple, dont le loyer était beaucoup plus abordable. Les bâtiments ont été construits par tranches, les rouges, les mieux conçus en terme de commodités, dont les balcons sont relativement spacieux, puis les bleus, un peu moins arrangés, sans balcons, et enfin les jaunes, terminés dans la hâte, avec beaucoup de malfaçons. Il y était également prévu de grands espaces verts, qui n'ont hélas jamais vu le jour. La dégradation de la cité s'est amorcée avec l'implantation insidieuse, puis débridée, d'un bidonville à l'arrière de la cité, sous l'œil plus que complaisant des autorités d'alors. La loi de la cession des biens immobiliers, dans les années 1980, lui a donné le coup de grâce, puisque l'OPGI ne s'est plus préoccupé d'entretien, comme la peinture des immeubles, lesquels, 35 ans après, présentent un aspect proche du misérabilisme. «Tout le monde compte sur l'Etat pour faire des travaux d'aménagement au niveau des immeubles, alors que tous sont propriétaires», relève, non sans dépit, un octogénaire. Les habitants, livrés à eux-mêmes, ont opéré des changements à l'intérieur des appartements, allant jusqu'à abattre des murs de soutènement, au mépris des lois, et sans même en référer à l'office, qui s'en était lavé les mains une fois pour toute. Certains ont même ouvert des commerces à partir des balcons des rez-de-chaussée, dans l'impunité totale. Des travaux sporadiques et ponctuels se font de temps à autre, comme le bitumage des routes et la réfection des trottoirs, mais leur qualité, plus que douteuse, apparaît à la moindre averse. Les habitants se remettent à patauger dans la boue et autres trous pleins d'eau. «Tous les travaux entrepris jusque-là à la cité Ziadia sont juste du colmatage et du maquillage; la plupart des entreprises sollicitées ne sont pas sérieuses», commente un habitant. D'autres rapportent que des dealers écoulent leur sale marchandise sous les fenêtres des immeubles, sans qu'aucun ose les en dissuader. Aujourd'hui, cette cité, dévoyée de sa vocation de coquette agglomération modèle, n'est plus qu'un dortoir géant, à l'instar, d'ailleurs, de toutes les autres cités de la périphérie de la ville. Sans travail de sensibilisation des citoyens, tous les projets positifs seront comme autant de coups d'épée dans l'eau.