La tournure prise par les événements en Libye inquiète au plus haut point les autorités algériennes. Lors d'une conférence de presse animée conjointement, hier à Alger, avec son homologue portugais, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué que l'Algérie était «extrêmement» préoccupée par la situation en Libye. «L'Algérie est extrêmement préoccupée et ne se contente pas simplement de rapatrier ceux qui parmi ses ressortissants souhaitent rentrer dans leur pays. Elle est aussi à l'écoute de tout ce qui demain peut ramener la sécurité, l'ordre et le progrès en Libye qui est un pays important pour nous», a-t-il déclaré. Les raisons de cette forte préoccupation s'expliquent, selon M. Medelci, par le fait que «la situation est non seulement caractérisée par un regain de violence mais également par une disparition des institutions de ce pays de manière visible et progressive». Faut-il alors craindre un risque de débordement ? Même si le chef de la diplomatie algérienne – qui s'exprime pour la quatrième fois en une semaine sur la crise libyenne – ne répond pas directement à la question, il insiste tout de même sur le fait que la Libye est un pays voisin et qu'à ce titre, la situation qui y prévaut «nous préoccupe (…) plus que d'autres». Il est à signaler que l'Algérie et la Libye partagent une frontière de plusieurs centaines de kilomètres et que des réfugiés libyens et étrangers ont déjà commencé à affluer vers le territoire algérien. La crise libyenne survient également dans un contexte régional pour le moins fragile. La remarque s'applique notamment pour le Sahel qui reste caractérisé ces derniers mois par une forte activité terroriste et maffieuse. Mourad Medelci a saisi, en outre, l'occasion de la conférence de presse animée avec son homologue portugais pour démentir une nouvelle fois les informations répercutées par des sites électroniques et certaines chaînes de télévision satellitaires évoquant une utilisation d'avions militaires algériens pour transporter des mercenaires en Libye. Questionné par la presse sur «les parties qui sont derrière la campagne qui accuse l'Algérie de transporter des mercenaires en Libye», il a rappelé que l'Algérie «a déjà répondu officiellement à ces allégations mensongères (samedi, ndlr)». «Nous n'avons pas d'informations sur qui peut être derrière ces affabulations, mais nous affirmons que ce sont des paroles vaines et sans importance pour nous», a précisé M. Medelci. Le chef de la diplomatie algérienne a ajouté que «ces allégations insidieuses vont à l'encontre de la position doctrinale, bien connue, de l'Algérie qui récuse, de manière absolue, l'ingérence dans les affaires intérieures des Etats».