Nous voulons que les mesures prises par les pouvoirs publics en faveur de la levée de l'état d'urgence soient concrétisées sur le terrain mais ce que nous constatons c'est que l'administration agit toujours comme avant», a déclaré hier, Kadour Chouicha, délégué à Oran de la CNCD suite au refus de la wilaya d'accepter, la veille, la demande d'autorisation d'une marche pacifique à Oran le 5 mars. Il s'est exprimé, hier, lors d'une conférence de presse pour rendre compte de la situation. «J'ai moi-même été reçu dans le bureau des associations et le fonctionnaire a, cette fois encore, sollicité son responsable hiérarchique. Non seulement la demande n'a pas été acceptée mais en plus, las d'attendre et au moment où je devais disposer, l'agent en question m'a remis le document que j'ai refusé de reprendre en leur disant : ‘Gardez-le et répondez-nous même par la négative'.» Pour lui, «cette pratique, qui n'a aucune relation avec le droit, n'est pas acceptable d'autant plus que la directive concernant l'interdiction des marches, promulguée il y a près d'une dizaine d'années, ne concerne que la ville d'Alger». Le problème s'est posé de la même manière lorsque la même CNCD a voulu déposer une demande pour le rassemblement du 12 février dernier. A ce moment-là, les organisateurs ont opté pour la voie postale en envoyant la demande avec accusé de réception. Cette fois, l'idée était de solliciter un huissier de justice. «Ce corps a la prérogative d'acheminer le courrier et, en cas de refus de réception, il établit juste un PV dans ce sens», explique le représentant local de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) qui fait état de l'hésitation des huissiers sollicités à accepter une telle démarche. «Nous avons sollicité 8 huissiers qui avaient donné leur accord au départ mais qui se sont rétractés par la suite», déplore-t-il en attribuant ce comportement à la subsistance d'une certaine crainte vis-à-vis de l'autorité. En parallèle à cette conférence de presse et probablement grâce au dépôt de la demande d'autorisation, la CNCD a été invitée par la wilaya pour un entretien. Quelques membres mandatés ont répondu à l'invitation avec la directive de ne pas céder sur le principe d'organiser une marche. Les représentants ont été, apprend-on ultérieurement, reçus par le DRAG qui leur a confirmé l'interdiction de la marche en proposant un meeting dans une salle fermée. «Nous insistons sur la marche car le but est de se réapproprier les libertés, notamment la liberté d'expression même dans la rue, ce qui est un droit constitutionnel particulièrement après la levée de l'état d'urgence», explique Kadour Chouicha. La manifestation va être empêchée par la police, tel que pressenti et comme cela a été le cas à Alger la semaine passée et à Oran pour le rassemblement du 12 février.