La Nuit du corsaire, paru chez Casbah Editions, parce que « les débuts de l'histoire d'Alger sont mal connus » et parce qu'on garde, à tort, l'idée qu'Alger était un repaire de pirates et que la France y a amené la civilisation, Corinne Chevalier a décidé de « léguer » ce que son père lui contait lorsqu'il l'emmenait voir les remparts de la capitale. « C'est là qu'a commencé à germer l'idée de ce livre », même si elle était jeune et loin de savoir que le hasard lui réservait un avenir d'écrivain. L'auteur algérienne, d'origine française, a présenté son livre, mercredi dernier, au palais de la culture Moufdi Zakaria. Lors de la présentation de son ouvrage, elle commencera par préciser que si l'histoire de ce roman est fictive, il n'en contient pas moins des faits historiques qui relatent la période du XVIe siècle. Et c'est à travers son personnage principal, Djabber, un corsaire qui le devient malgré lui, qu'elle plonge le lecteur dans une époque lointaine qui ouvre le champ au rêve autant qu'à l'histoire. Comme l'indique le titre du récit, c'est durant une nuit, entière, que Djabber se remémore tout son passé, toute sa vie. Et c'est dans ce passé que résident des faits historiques. Entre autres : Barberousse qui a transformé Alger, une petite ville de pêcheurs et de commerçants, en un véritable Etat. « J'ai essayé de montrer plusieurs sortes de traitements de captifs qui étaient tantôt otages, tantôt esclaves », précise l'auteur qui a tenté, à travers ce roman, d'« enlever certains mythes qu'on nous a enracinés à l'école ». Pour la réalisation de ce roman, il a fallut quinze longues années de recherches à Corinne Chevalier. Ses sources, précise-t-elle, se confondent entre plusieurs auteurs et ouvrages, dont « les ghazaouate », les lettres d'ambassadeurs français à la cour et celles des prêtres qui venaient racheter les captifs, les écrits des savants qui sont venus en Algérie en 1830 et qui avaient accès aux registres turcs, la Revue Africaine, Braudel... Mais l'auteur précise que les meilleures sources pour puiser le mode de vie de l'époque ont été les récits des captifs (dont Cervantès), qui décrivent leur vie au sein des familles algéroises. En tant qu'esclaves, ils étaient à même de rapporter les coutumes et les habitudes avec beaucoup de précisions. Et « Algérienne de naissance, je voulais qu'on voie cela du côté algérien », souligne Corinne Chevalier. La Nuit du corsaire de Corinne Chevalier Casbah Editions (750) DA