Les consommateurs sont attentifs à ce qu'ils consomment et posent des questions de fond. Ils souhaitent être rassurés. Certaines erreurs commises les inquiètent et la confiance en l'intégrité des chaînes d'approvisionnement alimentaire est ébranlée. Nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle ère en matière de sécurité alimentaire. Et tandis que les changements vont sans doute s'opérer à un rythme lent, régulier et avec une attention méticuleuse, ils symbolisent néanmoins une révolution dans la manière dont le secteur agroalimentaire est réglementé, audité, et dans sa conduite des affaires. IMPORTANCE DE L'AGROALIMENTAIRE EN ALGéRIE «Considérée comme un vecteur de relance du secteur industriel, l'agroalimentaire emploie plus de 120 000 travailleurs en Algérie et génère un chiffre d'affaires annuel de plus de 300 milliards de dinars (plus de 4 milliards de dollars), soit 50% de la part de l'industrie dans le PIB. Elle recèle, en outre, un potentiel d'exportation pouvant dépasser les 2 milliards de dollars/an, selon le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. Les participants à la première ‘‘Khaïma arabe de l'agriculture et des industries agroalimentaires'', clôturée le jeudi 24/02/2011à Biskra, ont insisté sur l'importance de la qualité dans les industries agroalimentaires. En effet, ce critère demeure le moyen le plus sûr pour assurer à la production nationale une ouverture sur les marchés mondiaux» In Le Maghreb Economie du 26 /02/2011. RéVOLUTION DANS LA RèGLEMENTATION ET LA CERTIFICATION DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE Comparativement à l'approche «check-list» qui considère les processus séparément, l'approche basée sur les processus analyse la façon dont chaque processus se répercute sur les autres. On parle alors de réseau ou de tissu d'interactions. Comme le dit Mark Overland, Responsable Certification chez Cargill, «L'approche basée sur les processus est similaire à une toile d'araignée qui repose sur l'interconnexion d'une structure systématique afin de fournir une flexibilité et une force permettant de prévenir une défaillance catastrophique.» Cette approche totalement nouvelle de la gestion des risques et de l'assurance qualité figure dans le référentiel FSSC 22000. L'époque de l'approche «check-list» et d'une image instantanée est révolue. Dans le cadre du FSSC 22000, l'ensemble des processus est évalué et fait l'objet d'un suivi. Cette approche basée sur les processus ne s'intéresse pas uniquement à la production d'une alimentation plus saine mais conduit également à l'amélioration des performances de l'entreprise, à la réduction des risques, à la réduction des coûts et à la préservation de sa réputation (image de marque). ENSEMBLE DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE BéNéFICIAIRE La véritable bonne nouvelle réside dans le fait que ces changements profiteront à tout le monde. Le consommateur aura davantage confiance dans les produits agroalimentaires. Les autorités compétentes et autres organismes de tutelle pourront utiliser les nouvelles normes comme point de départ de leur audit. Les grands distributeurs et les fabricants agroalimentaires auront la possibilité de réduire leurs coûts et d'améliorer la sécurité et la qualité de leurs produits tout en protégeant leur marque et leur image. Plus en aval de la chaîne d'approvisionnement, les fabricants en récolteront largement les fruits. Les nouvelles mesures contribueront à améliorer la qualité et la sécurité des denrées alimentaires, à réduire les coûts et à ouvrir tout un ensemble de nouveaux marchés potentiels. S'agissant de normes nouvelles, qui s'appliquent au niveau mondial, aucun grand distributeur ne disposera désormais de sa propre batterie de normes. A l'avenir, même les plus petits fournisseurs auront la possibilité de proposer leurs produits à un large éventail de clients. COMPRENDRE LA NOUVELLE APPROCHE La nouvelle approche est contenue dans le référentiel FSSC 22000 (parfois abrégé en FS22), qui s'applique aux fabricants de denrées et d'ingrédients alimentaires. Il a été développé par la Foundation for Food Safety Certification (Fondation pour la certification en matière de sécurité alimentaire) et a été reconnu dans son ensemble par la Global Food Safety Initiative (Initiative mondiale pour la sécurité des aliments). Le FSSC 22000 représente un schéma de certification complet des systèmes de management de la sécurité alimentaire, et repose sur la norme ISO 22000, à laquelle s'ajoutent des exigences supplémentaires qui permettent de couvrir les exigences spécifiques aux fabricants de denrées alimentaires. Des compléments en vue de couvrir les besoins d'autres intervenants dans la chaîne d'approvisionnement, tels que les distributeurs, l'industrie des aliments pour animaux d'élevage et les exploitations agricoles sont actuellement à l'étude. Ce qui signifie que l'industrie agroalimentaire adopte aujourd'hui des techniques de gestion des risques et d'assurance qualité qui ont fait leurs preuves dans un très grand nombre d'autres secteurs. «Le FSSC 22000 jouera un rôle déterminant dans la sauvegarde de la sécurité alimentaire à travers la chaîne d'approvisionnement mondiale», déclare Fons Schmid, président du conseil des parties prenantes du FSSC 22000. «Il aide à garantir la fabrication de denrées alimentaires saines dans tous les pays et reçoit l'appui du GFSI, du secteur et des nombreux distributeurs qui adhèrent à la mission fondatrice du GFSI : Certified once, accepted everywhere (Certifié une fois, accepté partout).» GESTION DES RISQUES, AU CŒUR DU MANAGEMENT DE LA SéCURITE ALIMENTAIRE La gestion des risques constitue l'un des principes les plus importants dans la nouvelle approche. Un risque est défini comme une situation comportant la possibilité de porter préjudice à l'être humain. Un risque en matière de sécurité alimentaire se rapporte à un agent biologique, chimique ou physique présent dans les aliments ou lors de la préparation des aliments, susceptible de nuire à la santé humaine. Les sociétés du secteur agroalimentaire se situent à des niveaux différents pour ce qui est de la gestion des risques. Certaines ont mis en place des systèmes très performants qui leur permettent de réduire et de gérer leurs risques. D'autres en sont toujours à l'étape d'identification des risques dans leurs processus et sont davantage susceptibles de transférer ces risques en aval de la chaîne d'approvisionnement. Afin d'éliminer efficacement les risques potentiels, tous les segments de la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire doivent être capables d'identifier et de réduire les risques. Il est prouvé et établi que la meilleure manière d'y parvenir passe par ce que l'on appelle le management de la sécurité alimentaire basé sur les processus. PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DE L'APPROCHE BASéE SUR LES PROCESSUS L'approche basée sur les processus est fondée sur les principes de contrôle qualité fondamentaux contenus dans la norme ISO 9001 mondialement reconnue. Un processus se définit comme toute activité (ou système d'activités) utilisant des ressources afin de convertir des données d'entrées en données de sortie. Une approche processus se définit comme l'identification et la gestion systématiques de ces processus et plus particulièrement des interactions existant entre eux. APPROCHE SYSTéMATIQUE DANS LA GESTION D'UN «TISSU» DE PROCESSUS Le FSSC 22000 adopte une approche systématique dans la gestion des différents processus inclus dans tout type de système de management de la sécurité alimentaire. Il adopte le point de vue selon lequel tout type de produit implique un ensemble d'activités interdépendantes qui peuvent être décomposées de la manière suivante : • Identification des exigences Les besoins et les attentes des clients, des organismes de contrôle, des parties prenantes et de l'organisation elle-même. • Réalisation du produit La transformation des matières premières en produits finis. • Mesure, analyse et amélioration La mesure permet la surveillance des risques à toutes les étapes du processus. L'analyse aide l'organisation à établir des normes de performance. Cela permet de produire des indicateurs qui sont utilisés par la direction afin d'apporter des améliorations. • Responsabilité de la direction L'indice de l'engagement de la direction dans le développement et la mise en place du management de la sécurité alimentaire et son amélioration continue. • Gestion des ressources Cela inclut le personnel, l'environnement et les infrastructures de travail. L'existence d'un système de management efficace est un élément fondamental de cette approche. PROGRAMMES D'AUDIT CRéDIBLES Une fois un système de management de la sécurité alimentaire mis en place, l'étape suivante est la conduite d'un audit crédible. Un programme d'audit interne est fondamental pour évaluer le processus en se basant sur la capacité du système à gérer les risques existants, et à anticiper ceux qui surgiront, de manière effective et efficace. Des audits conduits par des auditeurs tierce partie sont également indispensables. L'important est d'obtenir une validation indépendante de l'efficacité du processus, ce qui, en retour, restaure la confiance parmi les parties prenantes, (des partenaires de la chaîne d'approvisionnement aux clients et aux organismes de contrôle). Des auditeurs accrédités, indépendants et tierce partie aident les sociétés à construire et à maintenir la confiance. Ces auditeurs doivent posséder une solide expérience dans le secteur particulier de l'agroalimentaire qu'ils évaluent, ainsi qu'une excellente compréhension des systèmes basés sur les processus. Si ces exigences sont satisfaites, l'audit aidera à installer la confiance dans la gestion des risques par l'organisation. PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DE L'AUDIT TIERCE PARTIE Qu'est donc en droit d'attendre un fabricant de produits agroalimentaires de l'audit tierce partie d'une approche basée sur les processus ? L'opération sera bien différente de l'approche «check-list» de l'ancienne école. L'audit d'un système basé sur les processus garantira que tous les aspects des processus interdépendants seront examinés. La méthode habituellement utilisée par un auditeur tierce partie expérimenté repose sur l'observation, l'écoute, la conduite d'entretiens et l'examen de la documentation. AVANTAGES D'UNE APPROCHE BASéE SUR LES PROCESSUS Les avantages de cette nouvelle approche sont nombreux et variés. Pour les consommateurs, les organismes de contrôle et les acheteurs au sein de la chaîne d'approvisionnement, les avantages incluent : • Une confiance accrue dans les aliments, les risques pour la santé étant moindres ; • Une meilleure protection de la réputation et des marques des sociétés ; • Une réduction des coûts ; • Une meilleure gestion de la chaîne d'approvisionnement ; • Une plus grande transparence autour des normes alimentaires ; • Des normes mondiales reconnues ; • L'allègement des inspections effectuées par les autorités compétentes grâce aux audits tierce partie. Dans le même temps, les producteurs et les fournisseurs au sein de la chaîne d'approvisionnement bénéficient également des avantages suivants : • un contrôle accru des processus individuels, de leur combinaison et de leur interaction ; • des processus commerciaux plus matures et une vue plus globale de l'organisation dans son ensemble ; • une amélioration continue avec la possibilité d'un benchmark mondial ; • une meilleure constitution des équipes, la résolution des problèmes impliquant la collaboration de l'ensemble des services ; • un meilleur engagement de la direction ; • une gestion plus aisée en amont de la chaîne d'approvisionnement ; • une identification plus facile des forces et des faiblesses de l'organisation ; • une gestion de crise améliorée ; • des processus de production plus efficaces entraînant une réduction des coûts ; • un processus d'audit unique entraînant une réduction des coûts ; • des avantages concurrentiels accrus grâce à un référencement dans le secteur d'activité, résultat du processus d'audit ; • une conformité aux normes mondiales rendant plus aisée la réponse à de nouveaux appels d'offres et facilitant l'ouverture de nouveaux marchés à travers le monde. CONCLUSION Adhérer aux exigences du FSSC 22000, c'est s'ouvrir de nouveaux marchés, trouver de nouveaux clients et conserver ceux que l'on a déjà. C'est aussi une occasion de réduire le coût des audits, car désormais il n'existe plus qu'une seule norme. Enfin, la possibilité d'utiliser les informations collectées par ces audits basés sur les processus pour améliorer pratiquement tous les domaines d'activité crée une situation gagnant-gagnant pour l'ensemble du secteur agroalimentaire. Situation qui se traduit par des coûts réduits, une confiance accrue dans les produits alimentaires et une protection des marques. Nous pensons donc que les sociétés agroalimentaires les plus prospères seront celles qui adopteront ces nouvelles normes et sauront les utiliser commercialement. Elles devront impérativement bien comprendre ce qui importe véritablement pour leur organisation et leurs parties prenantes pour améliorer simultanément leur système de gestion et leur activité. Pour ce faire, elles adopteront naturellement une démarche méthodologique appropriée qui transformera l'audit en un puissant outil de gestion destiné à améliorer leurs performances. Mourad Hamdan. Consultant en management Références: Extrait du «Livre blanc» de Vel Pillay, expert en sécurité alimentaire pour LRQA Amériques et Cor Groenveld, Responsable Monde Produits agroalimentaires chez LRQA et président de la Foundation for Food Safety Certification (Fondation pour la certification en sécurité alimentaire). Pour toute information complémentaire concernant les nouvelles normes, consultez le site internet dédié au FSSC à l'adresse suivante : http://www.fssc22000.com (en anglais) Vous trouverez des informations concernant la GFSI à l'adresse suivante : http://www.mygfsi.com (en anglais) Et pour toute information relative au Business Assurance et à l'audit tierce partie, veuillez consulter : http://www.lrqa.fr et http://businessassurance.com/food (en anglais)