Ce 8 mars 2011, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, revêt une symbolique et une charge particulières, il est porteur d'espoir pour les femmes arabes. Des femmes plus que jamais déterminées à inscrire l'égalité des droits dans la révolution que mènent les peuples de la région pour la démocratie, la dignité et la liberté. La revendication d'Etat de droit, de justice sociale qui traverse les sociétés arabes ne peut exclure l'égalité des droits. Sinon, quelle valeur cet Etat de droit, cette démocratie tant espérés pourraient-ils alors recouvrer ? Les Tunisiennes qui jouissent du statut personnel le plus avancé du monde arabe veulent aller plus loin : arracher l'égalité dans tous les domaines, y compris en matière d'héritage par la réforme du droit de la famille et la porter dans la loi fondamentale. Les Egyptiennes également fortes de leur participation à la chute du régime de Hosni Moubarak veulent l'abrogation du code du statut personnel, la mise en place d'un Etat laïc et leur participation à la commission pour la réforme de la Constitution. Les Algériennes, quant à elles, partie prenante des aspirations et des revendications pour un Etat de droit, veulent l'abrogation du code de la famille et des lois civiles égalitaires. Lorsque nos aînées se sont engagées dans la lutte pour la libération nationale c'était pour apporter leur part à l'avènement d'une Algérie indépendante fondée sur l'égalité des droits. Leur combat a été tronqué, détourné. Flouées et trompées, elles ont reçu en «cadeau» un code de la famille honteux qui ne peut pas porter d'autre qualificatif que celui de «code de l'infamie». Leur espérance et leur combat pour une Algérie de citoyens libres et égaux, leurs petites filles, qui ont vingt aujourd'hui, les portent en héritage. Si les féministes arabes et musulmanes revendiquent la séparation du religieux et du politique et des lois civiles, c'est pour lever toute ambiguïté et faux-fuyant, pour que la religion n'ait pas à continuer à servir de prétexte, ni de fonds de commerce à la justification de dispositions discriminatoires, comme cela a été le cas jusqu'ici, y compris en Tunisie. La religion, les coutumes et traditions ont été instrumentalisées pour maintenir les femmes en situation d'infériorité et de subordination. Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : la laïcité n'est ni une hérésie ni un blasphème. Comme les droits de l'homme, elle est universelle. Elle a le mérite de soustraire la religion à tout calcul politicien, à toute instrumentalisation en lui donnant la place qui est la sienne : l'espace privé.La révolution démocratique ne saurait s'accomplir sans que soit reconnue l'égalité des droits et de la citoyenneté. Si changement il y aura, il devra être total, complet et radical. On pourra alors avec justesse parler de révolution et de printemps arabe.