Les étudiants du Grand Sud, venus d'Adrar, d'Ilizi, de Tamanrasset et de Tindouf, ont organisé hier un sit-in devant le siège de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU) à Alger. Des centaines d'étudiants du Sud, inscrits dans les différentes universités d'Alger, se sont réunis pour dénoncer les conditions sociopédagogiques qu'on leur a imposées depuis des années. Ils ont décidé de camper devant le siège de l'ONOU jusqu'à satisfaction de leurs revendications qu'ils jugent logiques. «Le DG de l'ONOU s'est montré indifférent. Il nous a dit : faites ce que vous voulez», a dénoncé un délégué. Les protestataires réclament 3 billets d'avion par an, la réduction du transport routier ainsi que le contrôle des tarifs en vigueur. De l'avis des étudiants, les transporteurs fixent des prix d'une manière arbitraire. Ces étudiants, qui se disent autonomes, réclament également une bourse spéciale. «Les 4000 DA que nous percevons chaque 3 mois ne couvrent même pas les frais du transport. Certains étudiants, dont les parents sont démunis, ne peuvent pas rentrer chez eux pendant les vacances. Certains sont ici depuis 7 mois», a déploré un étudiant protestataire. Ses camarades interpellent l'ONOU afin de mettre à leur service des bus du transport universitaire pour leur assurer le déplacement pendant les vacances. «J'habite à 10 km du Mali. Je passe plusieurs jours en route pour arriver chez moi. Ici, il y a même des nomades de Tin Tarabine, de Tin Zaouatine et de Aïn Guezam. Quand ils arrivent au chef-lieu de wilaya, ils doivent faire tout un périple pour retrouver leurs familles», témoigne un étudiant, estimant que les centres universitaires qui existent au Sud ne répondent pas à leurs aspirations. «Ma spécialité n'existe pas au centre universitaire de Tamanrasset. Si on ouvre toutes les spécialités chez nous. Les étudiants du Sud n'iront pas à Alger», ambitionnent les protestataires. Bien qu'il ne soit pas parmi les revendications affichées, le problème de langue étrangère fait surface. L'un des étudiants, à qui nous avons montré la carte de presse, n'a pas compris le mot «presse», reconnaissant qu'il ne comprend pas le français. Son camarade, qui regrette cet état de fait, réclame l'ouverture des instituts de langues étrangères dans les wilayas du Sud. «Je veux bien parler le français comme les gens du Nord», a-t-il souhaité. Seul un étudiant nomade parle couramment le français. «Ses parents habitent aux frontières du Niger. Il est en contact permanent avec les étrangers», explique son ami. La prise en charge des spécificités culturelles des étudiants du Sud n'a pas été omise. A l'occasion, les étudiants demandent l'intégration de ces spécificités culturelles dans les programmes culturels des cités universitaires. «Il n'y a que les activités culturelles qui peuvent rompre la monotonie qu'on subit», estiment-ils.