Yazid Zerhouni est malade. Le ministre de l'Intérieur a subi « une lourde opération rénale ». L'information a été rendue publique, hier, par le canal officiel de l'APS. L'agence a repris les déclarations de Dahou Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales, numéro 2 du ministère de l'Intérieur, d'après lesquelles l'état de santé de Yazid Zerhouni est « parfait ». Selon Ould Kablia, le malade poursuit « l'habituel traitement » d'accompagnement prescrit par les médecins. « Sa convalescence se déroule dans les meilleures conditions, hors de l'hôpital qu'il a quitté depuis plusieurs semaines déjà, ce qui lui permet d'ailleurs de s'informer régulièrement des activités principales de son ministère », a-t-il précisé. Ces derniers jours, les rédactions de journaux ont été bombardées par les relais traditionnels de la rumeur sur la « maladie » de Yazid Zerhouni. On avait même évoqué le pire. D'où cette réaction d'exaspération d'Ould Kablia. « Je suis indigné par la propagation continue de rumeurs indécentes et à tout le moins déplacées qui ne correspondent ni aux valeurs nationales de compassion ni à la simple morale humaine de respect à l'égard d'un malade et de sa famille », a-t-il déclaré. L'APS a évoqué dans sa dépêche « la persistance de rumeurs cruelles ». Si l'indignation se comprend, le manque d'informations sur la santé du ministre de l'Intérieur l'est moins. Tout le monde a constaté l'effacement de Yazid Zerhouni, 68 ans, des activités publiques. Avant et après les élections locales partielles du 24 novembre 2005, qui s'étaient déroulées dans sept wilayas, le ministre de l'Intérieur n'a fait aucune apparition. Les raisons de cette absence n'ont pas été expliquées à l'opinion nationale. La dernière activité en date du ministre de l'Intérieur remonte au 9 octobre 2005. A cette date, il avait présenté devant la commission des affaires juridiques et administratives du Conseil de la nation deux projets de loi relatifs à la commune et à la wilaya. Ould Kablia n'a donné aucune indication sur l'hôpital où Yazid Zerhouni se faisait soigner. Ces derniers jours, des informations non officielles avaient évoqué le présence du ministre de l'Intérieur dans un hôpital parisien. Paris où se trouve déjà, depuis le 26 novembre 2005, le président de la République admis à l'hôpital militaire de Val-de-Grâce après, selon la version officielle, des troubles digestifs. Abdelaziz Bouteflika, 68 ans, est en convalescence au même établissement sanitaire, d'après des déclarations faites samedi dernier à la radio nationale, par Ahmed Ouyahia. Le chef du gouvernement n'a, par contre, soufflé mot sur l'état de santé du ministre de l'Intérieur. Inutile d'essayer de comprendre les motivations de ce silence surtout qu'Ahmed Ouyahia s'est exprimé à deux reprises sur l'évolution de l'hospitalisation du chef de l'Etat (officiellement, Bouteflika a été évacué en France pour subir un bilan médical). Si la maladie, quelle qu'elle soit, n'autorise théoriquement pas l'existence de « deux » collèges, l'évocation publique de la maladie, presque simultanée, de deux hauts responsables semble être perçue comme nuisible à la bonne marche des affaires de l'Etat. D'où la gestion séparée - c'est du moins ce qui se détache en apparence - de l'information relative à l'état de santé de ces deux responsables. Cela n'a pas empêché la rumeur de prendre des proportions alarmantes mettant à nu un système de communication complètement dépassé.