La présidente de l'association française Ni putes ni soumises, Sihem Habchi, s'est pour sa part attelée, au cours de son intervention, à rendre compte des nombreuses discriminations que subissent les Françaises d'origine étrangère, particulièrement celles d'origine maghrébine, en Europe. L'intervenante a, à ce propos, fait savoir que contrairement aux idées reçues, les «beures» ne sont pas mieux loties en France en matière de droits et que son organisation œuvre justement à «rendre visibles les souffrances cachées». Mme Habchi a ainsi expliqué qu'en plus d'être régulièrement agressées et prises pour cibles dans leurs quartiers, les Maghrébines sont victimes du racisme latent qui gangrène les sociétés européennes. «On nous refuse des emplois à cause de nos têtes et on nous brûle comme on brûle des voitures. Les autorités sont insensibles aux douleurs des femmes. Il n'y a pas d'Etat de droit. Nous voulons juste être respectées. Je ne vois pas pourquoi j'aurai honte de mon corps et de ce que je suis. Nous voulons avoir la possibilité de revendiquer nos droits à tout moment», s'est-elle indignée. La présidente de Ni putes ni soumises – dont l'intervention a suscité par moment des réactions assez vives au sein de l'assistance – a dénoncé en outre avec véhémence l'instrumentalisation à des fins électoralistes la question de la «diversité» et des «minorités». «On nous a muselé. On nous a acheté à droite et à gauche. Mais le combat ne doit pas s'arrêter. Nous avons besoin d'un changement et d'être visibles», a-t-elle lancé. Comment et par quel moyen faire avancer le combat des femmes issues des «minorités» en Europe ? Pour Sihem Habchi, la solution réside dans la capacité des concernées à «mettre en place une dynamique devant permettre l'émergence d'un nouvel humanisme mobilisateur et libéré du joug des archaïsmes et des traditions». Dans ce contexte, elle a tenu particulièrement à remercier les Algériennes, les Marocaines et les Tunisiennes qui ont été les «seules» à les soutenir dans leur combat contre tous ceux et toutes celles, en Europe, qui essayent encore de les confiner dans le statut réducteur de citoyennes de seconde zone. A l'occasion, Mme Habchi n'a pas manqué aussi de rendre hommage aux Tunisiens et Tunisiennes qui ont eu le courage d'ouvrir le débat sur la démocratie, la laïcité, la religion et la place des jeunes dans la société. «Ce n'est pas évident. Ce débat est extrêmement difficile. Il y aura certainement des conflits. Ceci dit, il faudra rester unis et aller jusqu'au bout», a-t-elle conseillé.