A l'occasion du 49e anniversaire de sa disparition tragique, des étudiants de la faculté des lettres de l'université de Tizi Ouzou, encadrés par des enseignants, ont organisé une journée d'étude, en hommage à l'écrivain algérien Mouloud Feraoun (1913-1962). Une halte commémorant la mémoire de l'écrivain Mouloud Feraoun, lâchement criblé de balles par une horde sanguinaire de l'effrayante Organisation de l'armée secrète (OAS) de Susini, le 15 mars 1962, à Ben Aknoun. L'assistance a suivi une lecture polyphonique (en français, arabe, anglais et amazigh), d'extraits des romans : Le Fils du pauvre, Lettres à ses amis, Journal de Feraoun, La Terre et le Sang, Les Chemins qui montent ainsi que L'Anniversaire et La Cité des roses. Selon les organisateurs, cette rencontre littéraire a pour but de revisiter la vie, l'œuvre et l'univers romanesque de «Fouroulou», mais aussi d'encourager la lecture et de stimuler l'action culturelle dans l'enceinte universitaire. Les passages lus par les étudiants sont en rapport surtout avec «la fraternité», «l'humanisme», «l'attachement à la terre», «la notion du groupe et du commun» ainsi que «les valeurs culturelles ancestrales», des thèmes suffisamment étendus dans l'œuvre de l'auteur de Jours de Kabylie. Des conférences-débat, qui traitent de l'œuvre de l'enfant des Aït Chabane de Tizi Hibel (Beni Douala), animées par des universitaires, étaient également au programme de cette journée commémorative. La communication intitulée «Pour une lecture post-coloniale des romans Le Fils du pauvre et La Terre et le Sang», présentée par Mme Malika Boukhelou, enseignante au département de français, fait défaut aux différentes lectures faites pour les mêmes romans pendant les années 1950. «Cet hommage à Feraoun s'inscrit dans la volonté de rappeler le mérite de cet homme humble, instituteur qui a réussi dans ses deux romans à rendre toute l'ampleur de la tragédie vécue par le peuple algérien sous l'oppression coloniale, mais qui a en même temps a réussi à dépeindre la grandeur de son pays, la dignité de son peuple, l'attachement de ce dernier à ses valeurs fondamentales. Feraoun n'a eu de cesse de lutter pour que le règne colonial prenne fin, mais il a exhorté à la fraternité, à l'ouverture vers l'autre, à l'acceptation de la différence, de la diversité. Avec Le Fils du pauvre, il a surtout été le chantre du savoir, de la connaissance, qui, seuls, sont à même d'aider à l'émancipation de tous les individus et de toutes les sociétés», dira l'intervenante au début de sa communication. Dans son exposé portant sur «The Third Space in Feraoun's Trilogy» (Le Thiard espace dans la trilogie de Feraoun), Mme Naâr, enseignante au département d'anglais, évoquera l'affirmation de l'identité, l'engagement de l'écrivain et l'esprit historique de la communauté kabyle. Par ailleurs, Feraoun, qui aurait prédit son triste sort la veille de son assassinat, notait sur son journal qu'il tenait au quotidien ces propos : «Si mon ordre de mission n'est pas annulé, je dois être avec vous le 20 mars».